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Politique

Hollande, chef de guerre

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

François Hollande était attendu au tournant, sur la négociation sur l’emploi et sur la mobilisation contre le mariage pour tous. Les évènements en ont décidé autrement : le chef de l’Etat, en trois jours, s’est transformé en chef de guerre.

Un François Hollande empreint de gravité, « serein mais gardant les pieds sur terre », comme l’a décrit un proche, puisqu’il porte pour la première fois cet habit de chef des armées, lui qui a été amené en quelques heures à prendre des décisions lourdes, qui ont coûté la vie à des soldats français. C’est en quittant dimanche à l’Elysée son troisième conseil restreint de défense en trois jours que le président s’est tenu informé de la mobilisation contre le mariage pour tous. Mais avec l’esprit préoccupé par l’engagement des forces françaises au Mali. Le chef de l’Etat lui-même, à propos de l’ordre des priorités, a confié en début de soirée : « ce sont nos forces au Mali que j’ai suivies. Mais je n’ignore pas la manifestation ». Pas d’autre commentaire. L’évènement tant attendu de cette manif des opposants au mariage pour tous s’est retrouvé relégué au deuxième rang des préoccupations présidentielles.

Ce qui a changé dimanche, ce sont les buts de guerre : il ne s’agit plus de bloquer l’avancée des terroristes au Mali, mais bien de les poursuivre au Nord ?

François Hollande, s’adressant hier aux représentants des communautés maliennes, reçus le matin à l’Elysée, a déclaré : « nous irons jusqu’au bout ». Jusqu’à ce que la menace djihadiste soit éradiquée au Mali, mais la France n’interviendra pas dans les choix politiques que feront ensuite les Maliens, a tenu à rassurer le chef de l’Etat. Un échange qui donne une idée de la détermination du président à finir le travail, ce qui prendra du temps, des semaines, peut-être des mois, reconnait l’entourage présidentiel, l’aspect le plus incertain des choses.

Que va-t-il se passer à présent ? Les opérations vont se poursuivre ?

Oui, et la France attend l’envoi des premiers contingents africains de la Cédéao. François Hollande, qui se rend ce lundi aux Emirats pour un voyage officiel de deux jours, a demandé à Jean-Yves le Drian de rester à Paris pour coordonner les opérations militaires. Le ministre de la défense est en première ligne sur ce dossier depuis de longs mois. Le chef de l’Etat réunit le gouvernement ce lundi matin pour faire un point de la situation et Jean-Marc Ayrault aura la charge ce lundi soir à 20h30 d’informer les représentants du Parlement et d’annoncer un débat, qui devrait être programmé mardi ou mercredi.

Quelque chose a changé dans le climat politique national ?

Sans doute, et c’est à chaque fois la même chose quand la France est directement engagée comme cela a été le cas en Libye, ou au Koweït. Le pouvoir est à chaque fois soupçonné de vouloir se refaire une santé politique en surfant sur la vague militaire. Un débat qui s’annonce déplacé, avec nos soldats en première ligne qui risquent leur vie, ainsi que des otages menacés et des populations civiles particulièrement exposées. Nos regards seront désormais fixés pendant de longs jours et de longues semaines sur la ligne de front du Mali. La vie politique reprendra vite ses droits quand la situation sera apaisée.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce lundi 14 janvier

Jean-François Achilli