Hollande annonce l'accueil des 24.000 réfugiés
La France est prête à accueillir 24.000 réfugiés sur les deux prochaines années, a affirmé lundi François Hollande, qui a agité le spectre de "la fin de Schengen" en l'absence de mécanisme européen de répartition.
"La Commission européenne va proposer de répartir 120.000 réfugiés sur les deux prochaines années, ce qui représentera pour la France 24.000 personnes. Nous le ferons", a affirmé François Hollande lors de sa conférence de presse.
"l'Europe a besoin de solidarité et de responsabilité"
"C'est le devoir de la France, où le droit d'asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair", une France "marquée par des générations d'exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire France avec nous", a-t-il ajouté. Face à la multiplication des drames en Méditerranée, "j'ai proposé avec la chancelière Angela Merkel un mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés pour répartir l'effort entre tous les pays européens", a-t-il ajouté, soulignant que "le mot important, c'est obligatoire".
"C'est un mécanisme nouveau qui doit maintenant être adopté par les pays européens et une politique d'ensemble. Et s'il n'y a pas cette politique d'ensemble, ce mécanisme ne fonctionnera pas, il explosera, et ce sera à ce moment-là un afflux considérable et sans doute la fin de Schengen, le retour aux frontières nationales", a-t-il estimé. "Et l'on pense qu'on pourra, avec les frontières nationales, faire la réponse attendue? Non. Nous avons besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de solidarité et de responsabilité", a déclaré le président de la République.
60.000 demandeurs d'asile en France en 2015
Le chef de l'Etat a aussi annoncé, au nom "du principe de solidarité, y compris avec la chancelière" allemande Angela Merkel, qu'il était "prêt à accueillir", "dans les prochaines semaines", "plusieurs centaines voire un millier" d'immigrés tout juste arrivés en Allemagne. Il a en effet estimé à 60.000 le nombre de demandeurs d'asile en France en 2015, un "chiffre pratiquement stable", tout en ajoutant que le pays ne pourrait pas rester dans cette situation quand l'Allemagne voisine comptera "800.000" migrants.
Employant à plusieurs reprises les termes de "réfugiés" et de "déplacés", il a par ailleurs souligné que "la condition pour agir efficacement, c'est la mise en place de contrôles aux frontières de l'Union, en Italie, en Grèce, en Hongrie, avec des centres de contrôle et d'enregistrement pour accueillir, mais aussi établir la distinction entre ceux qui relèvent du droit d'asile et ceux qui doivent être raccompagnés de façon digne".
Aylan, "enfant martyr, symbole des 3.000 naufragés"
Evoquant le souvenir du petit Aylan, "enfant martyr, symbole des 3.000 naufragés qui ont trouvé la mort au bout de leur chemin depuis le début de l'année", il a souligné la nécessité de "faire des choix" qui "compteront le moment venu pour le jugement de l'Histoire". La crise migratoire actuelle est "dramatique, elle est grave", mais "elle peut être maîtrisée et elle le sera", a-t-il ajouté. Mais François Hollande a mis en garde contre une "crise humanitaire gigantesque" si des centres d'accueil des réfugiés n'étaient pas mis en place dans les pays d'origine ou de transit.
"Il y a ce qu'il se passe de l'autre côté de la Méditerranée. Si nous n'agissons pas pour qu'il y ait des centres (....) qui puissent retenir, accueillir ces populations au plus près de leur pays d'origine, alors nous serons face non plus à une crise de déplacés mais à une crise humanitaire gigantesque, qui ne sera plus sur des milliers mais sur des centaines de milliers" de personnes, a-t-il affirmé.