Grand débat: après son retrait, Jouanno juge les critiques du gouvernement "incompréhensibles"

Chantal Jouanno à l'Elysée en novembre 2014. - ALAIN JOCARD / AFP
Chantal Jouanno juge ce jeudi "incompréhensibles" les attaques du gouvernement sur sa décision de se retirer de la présidence du grand débat national. Mardi, elle a renoncé à piloter le débat lancé par l'exécutif pendant la crise des gilets jaunes, en raison d'une polémique naissante sur son salaire de 14.666 euros mensuels.
Dans un entretien accordé au Figaro ce jeudi, Chantal Jouanno explique avoir demandé au président de la République de "revoir à la baisse" son niveau de rémunération. "Le juste choix lui appartient", commente désormais l'ancienne ministre des Sports.
"Les temps sont durs", reconnaît Macron
Dans un même temps, la présidente de la Commission nationale du débat public raconte à l'émission Quotidien avoir eu un échange téléphonique "très cordial" avec Emmanuel Macron depuis son retrait du grand débat national. "Il m'a juste dit que les temps étaient durs", raconte Chantal Jouanno en riant.
À nos confrères, la présidente de la Commission nationale du débat public répète aussi son intention de ne pas démissionner, répondant ainsi au porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui l'avait exhorté à quitter son poste ce jeudi.
"Ce qui est un peu gênant de la part du porte-parole du gouvernement, c'est une grande méconnaissance du fonctionnement des institutions. Est-ce que j'ai commis une indignité? Est-ce que j'ai fait une erreur particulière? Non", s'indigne-t-elle dans Quotidien, expliquant avoir simplement "refusé une mission parce que j'ai considéré que j'étais maintenant mal placée pour la conduire".
"Qui demanderait à Jacques Toubon de démissionner?"
Chantal Jouanno juge "indigne" la position de Benjamin Griveaux. "Sa position pose deux gros problèmes", s'agace l'ancienne ministre dans son entretien au journal. "Je ne suis pas rémunérée pour faire le grand débat, mais pour présider la CNDP, qui garantit les droits de nos concitoyens sur plus de 83 projets très difficiles (...) C'est une remise en question étonnante de l'indépendance de notre autorité. Qui demanderait à Jacques Toubon (le défenseur des droits) de démissionner de son poste? Sur le plan institutionnel, cette position interroge".
Quant au Premier ministre Édouard Philippe, qui avait regretté mercredi une décision "qui intervient tard (...), une complexité supplémentaire de ce débat", Chantal Jouanno observe: "visiblement il l'a mal pris" .
"Ce qui est un peu incompréhensible puisque c'est dans l'intérêt du débat", soutient fermement la présidente de la CNDP. "Ne pas plier, c'était ne pas écouter les citoyens et considérer que leur questionnement était illégitime. Moi, je considère que leur questionnement est légitime".