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Gouvernement

"Une option bien injuste": quand Olivier Véran s'opposait à la retraite à 64 ans en 2014

Olivier Véran à l'Assemblée nationale le 7 février 2023

Olivier Véran à l'Assemblée nationale le 7 février 2023 - Ludovic Marin/AFP

Alors député socialiste et rapporteur du budget de la Sécurité sociale, le porte-parole du gouvernement avait croisé le fer avec la droite qui voulait reculer l'âge de départ à la retraite.

Des archives qui font mauvais effet en plein bras de fer sur la réforme des retraites entre les syndicats et le gouvernement. La députée insoumise Caroline Fiat a partagé sur son compte Twitter un montage d'Olivier Véran qui, quand il était socialiste, s'opposait farouchement à la retraite à 64 ans.

"Le Sénat (...) veut repousser les retraites à 64 ans. Ce n'est pas la volonté de cette majorité de reculer sur le droit des Français", lançait ainsi dans l'hémicycle le futur ministre d'Élisabeth Borne en novembre 2014.

Hostile aux 64 ans défendu par la droite

"Reculer l'âge de départ à la retraite (...) aurait été une option bien injuste", précisait-il encore quelques mois plus tôt.

À l'époque, celui qui était alors député socialiste tenait le rôle de rapporteur du budget de la Sécurité sociale pendant le quinquennat de François Hollande. Les sénateurs, à majorité de droite, défendaient de leur côté le recul de l'âge de départ à la retraite.

Commentaire de Caroline Fiat: "Si vous aviez le courage que vous exigiez des autres, Olivier Véran, vous n'auriez jamais opéré un tel retournement de veste".

"Les prédicateurs de l'apocalypse ont tort"

La retraite à 64 ans est désormais au cœur du projet de loi actuellement débattu dans l'hémicycle et que soutient farouchement Olivier Véran. Le porte-parole du gouvernement est en première ligne pour défendre la réforme. L'ancien neurologue affirme désormais que le projet de réforme n'est "ni éclair, ni brutal, ni antisocial", comme à la sortie du Conseil des ministres le 11 janvier dernier.

"Les prédicateurs de l'apocalypse qui disent que le moment de protection sociale est en train de s'écrouler, que les prestations diminuent ont tort", ajoutait encore Olivier Véran en novembre 2014 quand il siégait sur les bancs des socialistes.

"Quand on veut tuer un système de protection sociale, on dit qu'il n'est plus efficace, plus moderne", jugeait également le trentenaire de l'hémicycle.

Même embarras pour Olivier Dussopt

Le discours est désormais tout autre. Selon Olivier Véran ce dimanche sur France inter, les enquêtes d'opinion montrent qu'"une large majorité des Français considèrent qu'une réforme est nécessaire", car "il existe la peur du déséquilibre, d'un essoufflement du système des retraites".

Le porte-parole du gouvernement n'est pas le seul des membres du gouvernement à devoir affronter des archives qui mettent à mal ses arguments. Lorsqu'il était député socialiste, Olivier Dussopt, désormais ministre du Travail, s'était vertement opposé à la réforme des retraites défendue par le gouvernement de François Fillon.

"Cette volonté de reculer l'âge de la retraite est doublement injuste", avait ainsi lancé à l'Assemblée nationale celui qui était alors un proche de Martine Aubry.

La gauche ne se prive pas d'exploiter ce grand écart de langage. Le député socialiste Inaki Echaniz a ainsi interpellé Olivier Dussopt la semaine dernière en reprenant mot pour mot une question contre l'allongement de l'âge de départ à la retraite que le ministre avait posée lorsqu'il était dans l'opposition en 2010.

Marie-Pierre Bourgeois