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Gouvernement

Quand Olivier Dussopt s'opposait à une réforme des retraites en 2010

Le ministre du Travail Olivier Dussopt à l'Elysée, le 29 novembre 2022

Le ministre du Travail Olivier Dussopt à l'Elysée, le 29 novembre 2022 - Emmanuel DUNAND © 2019 AFP

Lorsqu'il était député socialiste, Olivier Dussopt s'était vertement opposé à la réforme des retraites défendue par le gouvernement de François Fillon.

"Cette volonté de reculer l'âge de la retraite est doublement injuste". Encore une déclaration d'un élu de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes)? Non, ces propos, datant de 2010, sont d'Olivier Dussopt, à l'époque député PS, mais aujourd'hui ministre du Travail, en première ligne pour défendre la réforme des retraites de l'exécutif. Elle sera présentée aux Français le 10 janvier et devrait consister notamment à allonger l'âge légal de départ à 64 ou 65 ans.

2010 est un autre temps, mais paraît similaire au présent en certains points: là aussi, pour le gouvernement de François Fillon, il est question de réformer le système des retraites - cela aboutira sur un allongement progressif de l'âge légal de départ de 60 à 62 ans. Là aussi, l'opposition fait savoir sa réprobation. Différence notable cependant: Olivier Dussopt fait partie du deuxième camp.

"Rideaux de fumée"

Élu pour la première fois député de l'Ardèche en 2007, il siège sur les bancs socialistes. Le 4 mai, lors des questions au gouvernement, le parlementaire prend la parole et interpelle Éric Woerth, alors ministre du Travail. Au moment où il s'exprime, les concertations avec les partenaires sociaux se poursuivent et le contenu exact du projet de loi n'a pas encore été présenté.

"Vous avez déjà décidé les axes de votre réforme", accuse cependant Olivier Dussopt, s'appuyant sur "une information de l'Élysée", "reprise par la presse".

Il fustige le "gouvernement et l'Élysée", qui "envisagent de reculer l’âge légal de départ à la retraite de manière progressive de 60 à 63 ans d’ici 2030".

Une preuve, selon lui, que les "discussions que vous menez aujourd'hui ne sont que des alibis et des rideaux de fumée" pour que le gouvernement "masque [ses] intentions jusq'au dernier moment". L'Ardéchois dénonce ainsi "un simulacre destiné à faire croire que vous avez d’autres priorités que celles que vous soufflent le Medef et un mépris pour les propositions faites par les autres partenaires sociaux que vous recevez finalement sans les écouter, ni les entendre".

"Injuste"

A l'époque, pour Olivier Dussopt, "cette volonté de reculer l’âge de la retraite est doublement injuste". D'abord, car, elle "écarte d'emblée la recherche d'autres recettes", comme "la mise à contribution de l'ensemble des revenus". "Entre les niches fiscales et le bouclier du même nom, beaucoup pourrait être fait pour que l’effort ne porte pas sur les seuls salariés", ajoute-t-il. Un propos résolument à gauche qui n'est pas sans rappeler les positions de la Nupes.

Ensuite, pointe-t-il, cette réforme est "injuste aussi, car elle fera porter l'effort par des générations nées après 1970", par ailleurs déjà touchées par "la précarité" et un "chômage historique".

En réponse, Éric Woerth cherche à faire la démonstration que le gouvernement est à l'écoute - un écho au présent, encore une fois. "Nous discutons beaucoup", dit notamment le ministre, avant d'égrainer: "J’ai reçu Martine Aubry, Marie-Georges Buffet, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, je reçois tout à l’heure Jean-Michel Baylet. J’ai reçu Jean-Marie Le Pen." "Rien n'est décidé, rien n'est arbitré", assure-t-il.

Un autre temps. Depuis, Olivier Dussopt comme Éric Woerth ont quitté leur formation respective afin de rejoindre le camp présidentiel.

Baptiste Farge