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"Un projet d'importance majeure": pourquoi l'État va faire appel de la suspension du chantier de l'A69 Toulouse-Castres

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La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher défend l'appel qui va être effectué par l'État sur la suspension du chantier de l'autoroute A69 Toulouse-Castres. Elle appelle à écouter les habitants et les élus locaux qui souhaitent un "désenclavement" et à ne pas opposer "écologie" et "activité humaine".

L'État continue de défendre le projet de l'autoroute A69 devant relier Toulouse et Castres. Un projet mis en suspens après la décision du tribunal administratif de Toulouse ce jeudi 27 février d'annuler l'arrêt autorisant le chantier colossal.

L'État a annoncé le jour même faire appel par la voix du ministre des Transports Philippe Tabarot. Ce que soutient la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, malgré les critiques environnementales portées par les détracteurs sur le projet.

"L'État fera appel et je soutiens évidemment cet appel", déclare la ministre sur France info ce vendredi. "Nous chercherons à défendre l'idée que ce projet est un projet d'importance majeure".

Elle rejoint ainsi l'argument porté par les promoteurs du projet: le "désenclavement" du sud du Tarn, "très important pour les habitants de ce territoire".

"Je rappelle que ce projet est soutenu par tous les élus locaux, quel que soit leur bord, des élus de droite, des élus de gauche, des élus qui ont à cœur de protéger l'environnement", affirme Agnès Pannier-Ruancher appelant "à écouter les habitants sur le terrain" et à "ne pas regarder les dossiers avec des yeux de Parisiens".

"L'écologie, ce n'est pas des interdictions tout azimut"

Interrogé par nos confrères de France Info sur les conséquences environnementales de cet axe de 53 km entre Toulouse et Castres, l'ex-députée du Pas-de-Calais se défend. "L'écologie, ce n'est pas des interdictions tout azimut. C'est précisément ce qui fait qu'aujourd'hui les Français se détournent de l'écologie alors même que nous avons besoin de défendre l'environnement", rétorque-t-elle.

Avant d'ajouter: "Je ne veux pas opposer écologie et activité humaine. L'écologie c'est un équilibre entre l'homme et son environnement".

La rapporteure publique avait estimé dans son avis le 18 février dernier que les gains espérés de la future autoroute n'étaient pas suffisants pour établir une "raison impérative d'intérêt public majeur" (RIIPM) justifiant ces atteintes à l'environnement. Les collectifs et mouvements écologistes pointent quant à eux du doigt la destruction de zones humides, terres agricoles, arbres, écosystèmes et nappes phréatiques.

Agnès Pannier-Ruancher souligne que ce projet a été conçu "avec rigueur" et avec des "mesures considérables" pour "compenser l'impact environnemental".

Une situation "ubuesque"

De son côté, le ministre des Transports, Philippe Tabarot a qualifié la situation d'"ubuesque: un chantier avancé aux deux tiers est arrêté du jour au lendemain". "Cela soulève de nombreuses interrogations sur le bon déroulement des grands projets d'infrastructure en France", a souligné le ministre, ajoutant que cette route a été "déclarée d'utilité publique en 2018".

"Les procédures sont telles qu'aujourd'hui, un projet ayant obtenu toutes les autorisations nécessaires et même démarré les travaux, peut se retrouver remis en question à tout moment. Ce n'est pas acceptable", a-t-il poursuivi.

Le gouvernement proposera "des mesures de simplification pour éviter que de telles situations ne se reproduisent", a promis Philippe Tabarot. Et "l'État continuera de soutenir ce projet, essentiel au développement de la région et à l'amélioration des conditions de vie de ses habitants", a-t-il conclu.

C'est la première fois en France qu'une infrastructure routière d'une telle importance est interrompue par un jugement, et non par une décision politique.

Face à une décision qui entraîne l'arrêt immédiat du chantier - un appel devant la justice administrative n'étant pas suspensif -, l'État demande un sursis d'exécution. Il souhaite que le chantier aux 450 millions d'euros reprenne en attendant la décision au fond de la cour administrative d'appel. Atosca, le constructeur et futur concessionnaire de l'autoroute, affirme avoir déjà "concrétisé plus de 300 millions d'euros, soit 65% du budget total du chantier".

Juliette Brossault