"Un irritant pour le centre, LR, le PS et le RN": le retour de Bruno Le Maire au gouvernement concentre les critiques

Bruno Le Maire - STEPHANE DE SAKUTIN
La nomination dimanche 5 octobre au ministère des Armées de Bruno Le Maire, qui fut le patron de Bercy pendant sept ans, a concentré les critiques des oppositions contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, mais aussi d'un de ses principaux soutiens, le parti de droite Les Républicains.
Le choix de l'ex-ministre de l'Économie (2017-2024) est la principale surprise d'une équipe qui compte essentiellement des reconductions.
Après avoir "totalement exclu" d'entrer au gouvernement il y a seulement quinze jours, Bruno Le Maire a justifié son revirement par "les circonstances exceptionnelles que traverse la France". "Je viens pour servir les Français. Je viens pour servir nos soldats", a-t-il déclaré sur le réseau X ce dimanche soir.
Selon une source au fait des tractations, il a été approché une première fois par le secrétaire général de l'Élysée Emmanuel Moulin, qui l'a contacté à deux reprises vendredi 3 octobre, puis par le Premier ministre samedi et par le président Emmanuel Macron dimanche. Après avoir réitéré son refus, il a finalement accepté le poste-clé en temps de "réarmement" du pays.
Tensions au sein des LR
Mais les opposants, qui le considèrent comme un des responsables du dérapage budgétaire de la France, ont aussitôt attaqué cette nomination. La leader du Rassemblement national Marine Le Pen a raillé le retour "pathétique" de "l'homme qui a mis la France en faillite". Son allié Éric Ciotti a aussi déploré "le retour de l'homme aux 1.000 milliards de dette", estimant que "ce gouvernement est un bras d'honneur aux Français".
À gauche, le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a ironisé sur le retour du "Mozart de la finance qui a ruiné notre pays", tandis que la patronne des Écologistes Marine Tondelier a dénoncé "la prime à l'incompétence".
Mais surtout, c'est son nom qui a mis le feu aux poudres chez LR, qui avait fini par accepter de rester au gouvernement dans l'après-midi au terme de longues tergiversations et d'une réunion où certaines divisions étaient apparues. Le choix de cet ex-LR qui a rejoint Emmanuel Macron dès 2017 a irrité son ancien parti.
"La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise", a déploré le chef de LR et ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, annonçant une réunion de crise pour lundi matin.
"Soit Bruno Le Maire renonce, soit on quitte le gouvernement", a également déclaré un cadre des LR auprès de BFMTV.
"L'affaire Bruno Le Maire les a rendus dingues"
"L'affaire Bruno Le Maire les a rendus dingues", a commenté un cadre centriste de la fragile alliance entre la droite et le camp présidentiel censée soutenir le gouvernement.
"'BLM', c'est un irritant pour le centre, pour LR, pour le PS, pour le RN", a-t-il ajouté, mettant en garde contre le risque d'une sortie de la droite du gouvernement qui obligerait Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron à tout recommencer.
Un proche du chef de l'État s'interrogeait lui-même sur "qui a eu l'idée" de nommer l'ancien ministre de l'Économie. Selon des sources concordantes à BFMTV, des voix s'élèvent également au sein du bloc central pour que Bruno Le Maire jette l'éponge, bien qu'à ce stade cet abandon de poste n'est pas à l'ordre du jour.