SONDAGE BFMTV. "Submersion migratoire": près de 7 Français sur 10 partagent ce sentiment

Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Assemblée nationale le 28 janvier 2025 - Thomas SAMSON / AFP
Le Premier ministre, François Bayrou, a suscité l'indignation de la gauche et d'une partie de son camp en affirmant cette semaine que la France "approch(ait)" d'un "sentiment de submersion en matière d'immigration", une expression chère à l'extrême droite.
Selon un nouveau sondage "L'Opinion en direct", piloté par l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi 29 janvier, 67% des Français jugent, à titre personnel, qu’il y a une "submersion migratoire" en France.
Cette opinion est très largement partagée par les électeurs RN (92%), LR (81%) et dans une moindre mesure Ensemble (67%). 29% des électeurs NFP y adhèrent aussi, avec un écart toutefois entre les électeurs LFI (24%) et PS (43%).
Selon l'Insee, en 2023, la population étrangère vivant en France s'élevait à 5,6 millions de personnes, soit 8,2% de la population totale, contre 6,5% en 1975.
Une expression qui fait polémique
"Quiconque est confronté à la situation à Mayotte, et ce n'est pas le seul endroit de France, mesure que le mot de submersion est celui qui est le plus adapté. Parce que tout un pays, (...) toute une communauté de départements français est confrontée à des vagues d'immigration illégale telles qu'elles atteignent 25% de la population", a affirmé mardi le Premier ministre à l'Assemblée nationale, applaudi par les députés du RN.
La veille sur LCI, François Bayrou avait aussi estimé que "les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion". Une phrase avec laquelle 71% des personnes interrogées par Elabe sont d'accord (26% tout à fait d'accord et 45% plutôt d'accord).
Le terme de "submersion" est notamment rejeté par le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) Didier Leschi. "Il n'y a pas de submersion migratoire, mais il y a des endroits où la concentration d'immigration pose des problèmes sociaux importants qu'il faut arriver à résoudre", a affirmé sur RMC le responsable de l'opérateur principal de la direction générale des étrangers en France (DGEF), qui conçoit et pilote les politiques d'immigration et d'intégration en France.
Pour Didier Leschi, les débats autour de l'immigration "ne sont pas raisonnables au sens où ils devraient être apaisés", soulignant que ce n'est "pas une question de nombre, mais le rapport entre le nombre et la question sociale". "Bien souvent, le débat vise à éluder la question sociale", a-t-il regretté.
D'ailleurs, l'immigration n'arrive qu'en quatrième position des préoccupations des Français dans notre sondage Elabe pour BFMTV. Les Français jugent que les priorités d'action d'Emmanuel Macron et François Bayrou devraient d'abord être le pouvoir d'achat (48% des sondés citent cette thématique comme prioritaire), puis la santé (33%), la sécurité (29%), et enfin l'immigration (27%), devant la dette publique (24%).
L'expression "submersion migratoire" étant une référence de l'extrême droite, utilisée par Marine Le Pen et Eric Zemmour lors de l'élection présidentielle de 2022, une partie des Français est mal à l'aise avec ces termes. 64% des sondés jugent que François Bayrou a eu raison d'employer ces termes. Mais si près de la moitié des électeurs NFP (44%) partagent le constat fait par François Bayrou, ils ne sont que 25% à approuver son utilisation de l’expression.
Les socialistes annulent une réunion avec le gouvernement
En réaction aux déclarations de François Bayrou, à la veille d'une réunion décisive sur le budget où la censure du gouvernement est en jeu, les socialistes demandent au Premier ministre de retirer ses propos sur "le sentiment de submersion". Le chef du gouvernement "a déraillé hier et nous l'appelons au sursaut", "l'intérêt du pays, c'est qu'(il) retire ces mots qui blessent inutilement", a déclaré ce mercredi le député socialiste Philippe Brun qui siège au sein de la CMP et évoque un "cataclysme" si la France n'avait pas de budget.
Actuellement, 58% des Français sont opposés à l’adoption d’une motion de censure et au renversement du gouvernement. Si cette opinion reste majoritaire, elle recule de 4 points en 15 jours. Alors que 52% des électeurs NFP (et 68% des sympathisants PS) étaient opposés à la censure il y a 15 jours, ce score recule de 9 points auprès des électeurs NFP (43%) et de 10 points auprès des sympathisants PS (58%).
Une majorité des Français était aussi opposée à la censure du précédent gouvernement, mené par Michel Barnier, à ses débuts en octobre. Un chiffre qui peut évoluer en quelques semaines puisque ce gouvernement a tout de même été censuré en décembre, à la satisfaction de 54% des Français, selon un sondage Elabe publié le lendemain du vote.
Alors que le PS cherche depuis plusieurs semaines à obtenir des concessions du gouvernement, sur le pouvoir d'achat par exemple, en échange d'une non-censure sur le budget, 70% des personnes interrogées par Elabe juge que le parti a raison de négocier ainsi. 28% estiment au contraire qu'il a tort et que cela ne respecte pas le programme et le vote des électeurs du Nouveau Front populaire.
Échantillon de 1.005 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 28 au 29 janvier 2025.