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Gouvernement

Sirop, jus de fruit... La taxe sur les sucres transformés divise au sein même du gouvernement Barnier

Des donuts

Des donuts - JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

La ministre de la Santé et la ministre de l'Agriculture s'opposent sur une taxation sur les produits très sucrés. Si ces aliments peuvent créer de nombreuses maladies, certains s'inquiètent de l'impact de la mesure sur l'agroalimentaire.

Une taxation qui divise au sein même du gouvernement à quelques heures de l'arrivée du budget de la Sécurité sociale dans l'hémicycle ce lundi 28 octobre. La ministre de la Santé, Geniève Darrieussecq (Modem), espère faire voter une taxe sur les sucres transformés. Une mesure assez proche a déjà été adoptée lors de débats en commission des affaires sociales.

Dans la liste de ce qu'on appelle les sucres transformés, on trouve notamment le sirop de glucose, le concentré de jus de fruit, le sirop de maïs ou encore la saccharose, des éléments utilisés pour rehausser la saveur d'aliments industriels, notamment dans les gâteaux ou les pâtisseries.

Des produits nocifs pour la santé

Problème: ces denrées sont associées à une incidence plus grande de maladies liées au fonctionnement du métabolisme comme l'obésité ou le diabète. Une raison donc pour pousser la ministre de la Santé à vouloir alourdir leur coût pour le consommateur par une taxe pour espérer réduire la consommation de ces produits. Elle vise également à pousser les producteurs à revoir la teneur en sucre de leurs produits.

La mesure aurait également l'avantage de rapporter "quelques centaines de millions d'euros", d'après Bercy, tout en allégeant à terme le coût de certaines maladies pour la Sécurité sociale. Une très bonne nouvelle alors que le gouvernement cherche tous azimuts à faire des économies.

"Un boulet au pied" des entreprises de l'agroalimentaire

Manifestement soucieuse de ne pas ouvrir un front avec des commerçants parfois très touchés par la hausse des prix de l'électricité, Genevièvre Darrieussecq précise cependant auprès de la Tribune dimanche le 27 octobre ne pas souhaiter "pénaliser les artisans et les pâtissiers".

La mesure concernerait par ailleurs tout autant la grande distribution que les boulangers. Impossible pour la ministre de l'Agriculture Annie Genevard qui s'inquiète, elle, de conséquences de hausses de taxe sur le sucre pour la compétitivité du secteur agroalimentaire français.

"Il ne faut pas ajouter des boulets au pied de nos entreprises au moment où elles se battent pour défendre leur position sur les marchés mondiaux", s'est agacée l'élue de droite auprès de l'agence de presse spécialisée Agra.

Le précédent de la taxe soda

Pour appuyer son propos, la ministre de l'Agriculture a souligné le poids économique du secteur agroalimentaire en France qui emploie 960.000 personnes, en pointant du doigt son rang mondial. "En vingt ans, nous sommes passés de la deuxième place à la sixième", s'inquiète Annie Genevard.

"C'est une taxation directe qui n’est pas mesurée, pas calibrée, et qui peut mettre en péril des emplois", notamment par ricochet dans l'agriculture, juge encore la ministre.

L'argument peut-il vraiment porter lors des débats dans l'hémicycle? La taxe soda qui avait augmenté de quelques centimes le prix des boissons ultra-sucrées avait eu le droit aux mêmes critiques avant de finalement être adopté en 2012.

Elle a beau rapporter environ 500 millions d'euros par an à la Sécurité sociale, elle n'a pas empêché une augmentation importante de leur consommation ni fait fuir des géants de France des géants comme Coca-Cola.

Marie-Pierre Bourgeois