Remaniement: un week-end crucial pour trancher

S'empresser de prendre son temps. Tel est le message donné par Emmanuel Macron qui a écourté son séjour en Arménie au sommet de la francophonie pour gérer ce que l'exécutif se refuse à nommer comme une crise politique. Dix jours se sont écoulés depuis la spectaculaire démission du locataire de Beauvau, Gérard Collomb. Mais, "les choses avancent" a confié le chef de l'Etat dans un entretien à France 24 et RFI.
"Dans n'importe quelle organisation, quand on veut agir avec les gens, on prend le temps de bien les connaître" et "quand il s'agirait d'un gouvernement, il faudrait que les choses se fassent du jour au lendemain", comme si les choses étaient "interchangeables" et les ministres "des têtes de gondole", a-t-il déploré.
Le week-end s'annonce capital pour mener les dernières consultations et tractations. Certes, la vérification des profils des impétrants est primordiale, tant l'exécutif ne veut pas se retrouver devant le fait accompli comme avec Laura Flessel ou Françoise Nyssen. Ces enquêtes prennent du temps, mais pas au point de différer autant la constitution du nouveau gouvernement.
En "Macronie" ou en "Philippie"?
L'explication avancée par la presse de désaccords entre d'une part Emmanuel Macron et, d'autre part, Edouard Philippe a été balayée par les intéressés et leurs entourages. Mais l'Elysée a démenti tout "bras de fer" entre les deux hommes mercredi, évoquant "une discussion" sur le choix des profils adéquats. Si le ministère de la Culture pose question, l'Intérieur est le poste qui préoccupe le plus l'exécutif. D'après nos informations, le président hésiterait entre un profil technique de type "expert" et un autre plus politique visant à récompenser les bons soldats, tel Christophe Castaner.
Surtout la vision politique macronienne repose sur un jeu d'équilibre censé favoriser non pas une synthèse de celles chères à François Hollande, mais une volonté réformiste qui s'exprimerait dans un dépassement du clivage gauche droite. Camille Langlade, chef du service politique de BFMTV, explique que les fidèles du président craindraient de voir choisis trop de fidèles d'Edouard Philippe. Ce qui risquerait, selon eux, d'entraîner "à la fois un déséquilibre entre politique et société civile, mais aussi entre droite et gauche ou entre Macronie et Philippie".
Pour l'heure le président de la République n'a pas précisé si le remaniement aurait lieu ce week-end ou la semaine prochaine. Mais la journée de lundi serait désormais privilégiée.