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Réfugiés et Srebrenica: Bernard Cazeneuve corrige Nicolas Sarkozy

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve - Capture Europe 1

"Il y a beaucoup d'approximations dans le propos de Nicolas Sarkozy", a regretté le ministre de l'Intérieur qui réagissait à la proposition de l'ex-chef de l'État de créer un statut de réfugiés de guerre et réalisé des comparaisons hasardeuses.

Bernard Cazeneuve a, comme à l'habitude, gardé son calme. Mais si le ton est maîtrisé, quand il s'agit de répondre à Nicolas Sarkozy sur la question des réfugiés, la réponse du ministre de l'Intérieur est cinglante. Samedi au Touquet comme jeudi au Figaro, l'ex chef de l'État a demandé la création d'un statut de réfugié de guerre, s'appuyant sur une directive européenne de 2001, afin de renvoyer ceux-ci dans leurs pays dès la fin du conflit.

"J'ai tendance à considérer que toutes les idées doivent être analysées", a commencé Bernard Cazeneuve lors du Grand Rendez-vous Le Monde-Europe 1-iTélé. Mais "je pense qu'il ne l'a pas lue (la directive)" car "le texte prévoit (déjà) la 'protection transitoire', pour ceux qui, en raison de la situation de guerre dans leur pays, bénéficient d'une protection. Cela existe aussi en France: cela s’appelle la 'protection subsidiaire' (...) Il y a beaucoup d'approximations dans le propos de Nicolas Sarkozy". 

"Peut-être croit-il aux forces de l'esprit"

Mais Bernard Cazeneuve n'a pas arrêté là son exercice de correction des affirmations de Nicolas Sarkozy, qui a justifié samedi son intervention militaire en Libye par l'inaction de François Mitterrand en 1995, lors de l'assassinant de 8.000 musulmans en Ex-Yougoslavie. Problème: le massacre de Srebrenica a eu lieu en juillet 1995 alors que Jacques Chirac avait remplacé le premier président socialiste à l'Elysée.

"Peut-être croit-il aux forces de l'esprit et pensait que François Mitterrand pouvait intervenir de là où il était. Où peut-être parlait-il d'Alain Juppé et Jacques Chirac", a ironisé le ministre de l'Intérieur.

Les réfugiés arrivés en France "sont les victimes du terrorisme"

Plus largement interrogé sur la question des réfugiés qui viennent en Europe ou demandent l'asile en France, Bernard Cazeneuve a répété qu'il souhaite "que le visage de la France s'affirme face à ces hommes et à ces femmes. (...) C'est toujours une chance d'accueillir des hommes, des femmes, des enfants qui sont persécutés".

Et même si certains pointent un risque d'infiltration terroriste dans le flux des migrants. "Je ne peux pas exclure qu'à un moment donné les groupes terroristes profitent de ces flux pour essayer de les instrumentaliser", a admis le ministre de l'Intérieur mais "ce n'est pas le cas pour l'instant". Surtout, les réfugiés arrivés ces derniers jours "ne sont pas des terroristes, ce sont les victimes des terroristes", a martelé Bernard Cazeneuve.

S.A.