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Pourquoi la survie du gouvernement de Sébastien Lecornu va se jouer à quelques voix près malgré la non-censure du PS

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Certains députés ont annoncé ne pas suivre les directives de leur parti quant à la censure de Sébastien Lecornu, des voix dissidentes qui pourraient faire pencher la balance alors que le gouvernement survit à quelques voix près seulement.

Censurera, censurera pas? Avec l'annonce du Parti socialiste de ne pas voter la censure contre Sébastien Lecornu, son gouvernement semble sauvé. Pourtant, le maintien du gouvernement ne se joue qu'à quelques voix près, et les voix dissidentes au sein même des partis pourraient tout faire basculer.

D'un côté, il y a ceux qui voteront la censure jeudi 16 octobre. La France insoumise, les Écologistes et les communistes ont d'ores et déjà assuré qu'ils tenteraient de faire chuter Lecornu en votant la motion de censure déposée par LFI, tandis que le RN et l'UDR entendent voter pour leur propre motion mais aussi celle de LFI.

De l'autre, les partis qui ont annoncé ne pas voter la censure. Parmi eux, le Parti socialiste, le groupe Liot, les Républicains et le parti présidentiel. Horizons et le Modem, deux alliés d'Ensemble pour la République, n'ont quant à eux donné aucune consigne claire à leurs députés.

Dans les faits, si chaque député suit les directives de son parti, 265 parlementaires devraient voter la censure, soit 46% des sièges. Il manquerait alors 24 voix seulement pour obtenir la majorité et provoquer la chute du gouvernement Lecornu II. Même les neuf députés non-inscrits ne permettraient pas de faire pencher la balance.

Des voix dissidentes au Parti socialiste

Toutefois, certains députés ont d'ores et déjà annoncé aller en contre-courant de leur parti, de quoi faire tout basculer. Certains élus socialistes, le parti dont les voix peuvent tout changer, envisagent de voter pour la censure. "L'arbre des retraites cache la forêt du pouvoir d'achat, à la fin on va se faire rouler", déclare notamment un député à BFMTV.

Trois ont déjà annoncé publiquement qu'il allait censurer, comme par exemple Paul Christophle, député de la Drôme. "Le compte n'y est pas. Jeudi, je censure", écrit-il sur X.

Face à ces voix dissidentes, Olivier Faure a réitéré son appel à ne pas voter la censure et a fait comprendre sur BFMTV-RMC qu'il attendait "que la délibération collective soit respectée". "Ce n'est pas une consigne, je ne suis pas un caporal-chef, je suis celui qui anime un parti démocratique, nous avons délibéré collectivement. (...) Quand on est dans un parti démocratique, les décisions s'imposent à tous", a-t-il lancé.

L'ex-président de la République et désormais député François Hollande a quant à lui assuré sur RTL "faire confiance à l'intelligence collective des socialistes".

"Tout ça pour rien"

Du côté de Horizons aussi, ça coince. La vice-président du parti Christelle Morançais a déclaré que si elle était députée elle "voterait, évidemment, la censure du gouvernement, qui brade l’avenir des Français sur l’autel d’intérêts partisans". "Elle s’exprime à titre totalement personnel. Cela n’engage pas le parti", nuance toutefois l'entourage d'Édouard Philippe auprès de BFMTV.

Reste qu'au sein du socle commun la suspension de la réforme des retraites a du mal à passer. "On a pris des tomates pendant des mois, des permanences et des domiciles de députés ont été vandalisés en 2023... Tout ça pour rien", confie un député macroniste.

"Ça n'est pas une suspension, c'est un enterrement", ajoute un député Horizons. "Avec sur le cercueil, les roses du PS."

A contrario, la députée écologiste des Deux-Sèvres Delphine Batho a annoncé ne pas soutenir la motion de censure, à contre-courant de son parti.

À long terme, les députés restent nombreux à considérer que, même si le gouvernement survit à la censure jeudi matin à une vingtaine de voix près, il restera le budget à adopter, une étape difficile pour la survie de Sébastien Lecornu.

Juliette Moreau Alvarez et Anne Saurat-Dubois