Passation de pouvoirs entre Mercier et Taubira

Christiane Taubira, 60 ans est la pasionaria de l'outre-mer, au parcours plus réussi sur la scène nationale que locale. Elle est connue pour la loi qui porte son nom et reconnaît la traite et l'esclavage comme crime contre l'humanité.
Celle qui fut représentante particulière de François Hollande lors de la campagne présidentielle n'est pourtant pas au Parti socialiste. Elle siège à l'Assemblée nationale comme apparentée PS, mais a aussi été dans sa carrière non-inscrite et inscrite au groupe RCV (radicaux, verts, communiste).
Christiane Taubira a été la première candidate venue de l'outre-mer à se présenter à l'élection présidentielle en 2002. Ce fut sous les couleurs du Parti radical de gauche (PRG), alors qu'elle n'en était pas membre. Elle obtint 2,32% des suffrages.
Cette petite femme énergique et élégante, aussi bien à Paris que dans un site d'orpaillage en forêt amazonienne, est une oratrice talentueuse, souvent lyrique, capable de parler sans notes. Mais elle est aussi réputée pour être autoritaire voire cassante et capable de colères mémorables.
"Je suis franchement vive parce que j'ai de la passion", a-t-elle un jour justifié, espérant que "les gens savent distinguer la passion de l'agressivité".
Elle émerge sur la scène politique en 1993, lorsqu'elle remporte les législatives et bat le Parti socialiste guyanais (PSG), avec son mouvement le Walwari (divers gauche), mot qui signifie "éventail" en amérindien. Elle l'avait créé juste avant avec son mari Roland Delannon, dont elle aura quatre enfants et dont elle est maintenant divorcée.
En 1994, elle porte déjà les couleurs du PRG sur la liste "Energie radicale" de Bernard Tapie aux européennes, avec laquelle elle remporte un siège de député au Parlement européen. A l'Assemblée nationale, où elle est constamment réélue depuis 1993 avec de larges scores, Christiane Taubira siège d'abord comme apparentée PS avant de rejoindre le groupe RCV.
Elle a, en revanche, eu moins de succès dans les scrutins locaux: elle a échoué à deux reprises en 1995 et 2001 à prendre la mairie de Cayenne. En 2010, elle perd le scrutin régional face à Rodolphe Alexandre, dissident socialiste soutenu par l'UMP, qui contrairement à elle est un élu local de longue date.
Profondément guyanaise -elle a même adhéré dans sa jeunesse aux thèses indépendantistes-, sa stature nationale et ses positionnements atypiques ne lui attirent pas toujours les grâces des responsables locaux.
Ce statut d'électron libre expliquerait qu'elle ait été "approchée" par l'entourage de Sarkozy en 2007
Polyglotte (anglais, espagnol, portugais), Mme Taubira revendique un triple ancrage: ses "combats locaux, ses "engagements nationaux" et ses "solidarités internationales".