Intrusion de drones russes en Pologne: l'ambassadeur de Russie en France convoqué ce vendredi au Quai d'Orsay

Jean-Noël Barrot à l'Élysée le 5 mai 2025 - LUDOVIC MARIN / AFP
Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé ce vendredi 12 septembre que l'ambassadeur de Russie en France "sera convoqué ce matin" au Quai d'Orsay en réaction à l'intrusion de drones russes en Pologne dans la nuit de mardi à mercredi.
"Ces incursions sont absolument inacceptables", a-t-il déclaré sur France Inter.
"Nous allons lui dire (...) que nous ne nous laisserons pas intimider, que l'Otan et ses alliés ont une vocation défensive et dissuasive qui est la plus puissante du monde et qu'il faut cesser de nous tester et de tenter de nous intimider", a ajouté Jean-Noël Barrot.
C'est le directeur de cabinet de Jean-Noël Barrot, Aurélien Lechevallier, qui recevra l'ambassadeur de Russie ce vendredi, a appris BFMTV. Habituellement, les ambassadeurs convoqués sont reçus par des directeurs techniques. Le fait que ce soit le numéro deux du quai qui reçoive l'ambassadeur russe est un signal diplomatique.
Une nouvelle "provocation"
Jugée délibérée par Varsovie, l'irruption de 19 drones présumés russes dans l'espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi, en pleine guerre d'Ukraine, a provoqué un branle-bas chez les alliés européens.
Selon Varsovie, 19 drones sont entrés dans l'espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi. Au moins trois drones, "de fabrication russe", selon le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski, ont été abattus par l'armée polonaise et ses alliés de l'Otan. Il n'y a pas eu de blessés.
Selon le ministère polonais de la Défense, les drones ont décollé des régions russes de Briansk, Koursk, Orel et Krasnodar, et de Crimée occupée. Les autorités russes ont nié toute implication, reprochant à Varsovie de n'avoir avancé aucune preuve matérielle.
"Intentionnelle ou non, accidentelle ou non, tout cela est très grave. Tout cela est absolument inacceptable. Tout cela vient s'ajouter aux innombrables provocations de Vladimir Poutine", a affirmé Jean-Noël Barrot ce vendredi.
La Pologne, la Suède, les Pays-Bas, la République tchèque, la Roumanie, la Belgique et l'Espagne ont eux aussi convoqué ces derniers jours les ambassadeurs de Russie ou les chargés d'affaires des représentations diplomatiques russes.
Les alliés de la Pologne renforcent sa défense aérienne
En réaction à cette intrusion et alors que la Russie et la Biélorussie lancent de grands exercices militaires vendredi, les alliés de la Pologne ont annoncé renforcer ses moyens de défense aérienne.
L'Allemagne a annoncé prolonger sa mission de protection de l'espace aérien polonais de trois mois et faire passer de deux à quatre le nombre de ses avions de combat Eurofighter déployés à cet effet.
Au-delà de la condamnation, Jean-Noël Barrot a indiqué que la France avait "immédiatement marqué sa disponibilité pour contribuer davantage encore au renforcement de la protection de ce qu'on appelle le flanc Est de l'OTAN, c'est à dire l'est de l'Europe".
Le président Emmanuel Macron a ainsi annoncé jeudi soir que la France allait déployer trois chasseurs Rafale. Ils auront "pour mission la détection et, le cas échéant, la destruction de vecteurs de drones qui menaceraient le territoire polonais. Et d'autres pays suivront", a-t-il ajouté.
Les Pays-Bas ont décidé d'accélérer la livraison de deux batteries de missiles Patriot, et de déployer des systèmes de défense antiaérienne et anti-drones, avec 300 militaires. La République tchèque va déployer trois hélicoptères Mi-17. Selon Varsovie, les Britanniques vont également engager des Eurofighter.