Enseignements spécifiques, sanctions pour les élèves... Ce que préconise un rapport pour lutter contre l'antisémitisme

Aurore Bergé et Élisabeth Borne lors de la remise du rapport de la lutte contre l'antisémitisme à Paris le 28 avril 2025 - Ian LANGSDON / AFP
Une réponse face à la recrudescence des faits antisémites en France depuis les attaques du 7 octobre 2023 en Israël. Le gouvernement a reçu ce lundi matin un rapport commandé à l'occasion des assises de la lutte contre l'antisémitisme lancées en février dernier.
"Ce qui se dresse devant nous, ce n’est pas une vague, c’est une lame de fond. C’est la menace d’un réenracinement profond de l’antisémitisme", a regretté Aurore Bergé, la ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations.
466 actes antisémites en 3 mois dans les établissements scolaires
En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur. 42% des personnes mises en cause pour des faits d'antisémitisme ont moins de 35 ans, peut-on lire dans ce rapport qui indique également qu'entre décembre 2024 et février 2025, 466 actes antisémites ont été commis dans le milieu scolaire.
De quoi pousser Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d'histoire à l'université Paris-8, et le conseiller d'État Richard Senghor, qui ont rédigé ce rapport, à faire au gouvernement plusieurs préconisations éducatives.
Parmi celles-ci, on trouve "la recontextualisation de l’histoire des antisémitismes et des racismes dans les programmes scolaires avec un enseignement dès le primaire et une réitération à différents moments de la scolarité".
"Connaître son histoire"
Une semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme existe cependant déjà, organisée en partenariat avec la délégation interministérielle à la lutte Contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH). Depuis 2023, chaque élève doit avoir visité un lieu de mémoire au moins une fois au cours de sa scolarité.
Parmi les lieux préconisés, on trouve le camp des Milles, le mémorial de la Shoah ou encore le musée d'art et d'histoire du judaïsme.
"C'est en connaissant l'histoire qu'on fera reculer l'antisémitisme", a jugé Élisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale, également présente lors de la remise de ce rapport.
Vers la création d'un nouveau délit
Ce travail préconise également plusieurs évolutions judiciaires, comme "adapter la réponse pénale aux manifestations contemporaines des expressions à caractère antisémite pour sanctionner en particulier le détournement de la critique du sionisme à des fins antisémites".
Concrètement, cette volonté pourrait amener à la création d'un nouveau délit relatif à la provocation, à la destruction ou à la négation d'un État internationalement reconnu.
Le dépôt de plainte pourrait également être facilité pour les fonctionnaires victimes d'actes antisémites ou racistes en permettant à "l'administration de déposer plainte en lieu et place de l'agent victime".
Sanctuariser les sanctions à l'école
Ce rapport appelle également à "rendre obligatoire l’engagement de poursuites disciplinaires à l’encontre d’élèves auteurs de violences verbales à caractère raciste ou antisémite à l’égard d’un membre du personnel ou d’un autre élève en introduisant une disposition réglementaire adéquate dans le code de l’éducation".
Actuellement, rien ne contraint un principal ou un proviseur à sanctionner un élève pour ce type de faits.