Antisémitisme: 1.570 actes recensés en 2024 selon le Crif, un niveau "historique"

Un homme portant une kippa à la synagogue Ohel Jakob à Munich (Allemagne) le 12 octobre 2023 (photo d'illustration) - Christof Stache/AFP
Les actes antisémites recensés en France sont restés à un niveau "historique" l'an dernier, à 1.570 contre 1.676 en 2023, selon un rapport publié mercredi 22 janvier par le Crif qui déplore que la thématique palestinienne ait servi de "puissant catalyseur".
"Pour la deuxième année consécutive, nous faisons face à un nombre historique d'actes antisémites", explique le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) dans ce rapport compilant des chiffres recensés par le Service de protection de la communauté juive et le ministère de l'Intérieur.
Niveaux records en 2023
Ces chiffres représentent certes une baisse de 6,3% sur un an, mais l'année 2023 avait enregistré des niveaux records, avec une "explosion" après le 7 octobre 2023, date de l'attaque terroriste du Hamas en Israël. "Le 7 octobre a servi d'appel mondial lancé au passage à l'acte antisémite", affirme à l'AFP Yonathan Arfi, le président du Crif.
À titre de comparaison, 436 actes antisémites avaient été recensés en 2022 et depuis 2012 ils oscillaient entre 311 et 851 par an.
Ces chiffres recouvrent uniquement les actes ayant fait l'objet d'une plainte, et donc "cela ne recoupe pas l'ensemble du phénomène de l'antisémitisme en France", ajoute Yonathan Arfi qui explique: "Malheureusement une bonne partie du phénomène ne donne pas lieu à des dépôts de plainte, notamment dans le monde scolaire".
Des actes "extrêmement violents"
L'an dernier "certains actes ont été extrêmement violents", souligne le rapport, en rappelant la tentative d'incendie à la synagogue de La Grande-Motte en août, l'incendie de la synagogue de Rouen en mai et le viol d'une enfant juive de 12 ans mi-juin à Courbevoie, en banlieue parisienne.
"L'une des particularités du phénomène est que 65% des ces actes sont des atteintes aux personnes", résume Yonathan Arfi. Sur un total de 1.024, la majorité de ces atteintes aux personnes ont été des propos ou des gestes menaçants (652), et 106 ont consisté en des violences physiques.
Les 546 atteintes aux biens ont quant à elles essentiellement été des inscriptions antisémites (432) et des dégradations (88).
Le rapport met aussi l'accent sur "la thématique de la Palestine et la rhétorique anti-israélienne" qui sont qualifiées de "catalyseurs d'actes antisémites et responsables d'un climat d'hostilité envers les Juifs". Ainsi, 518 des actes recensés l'an dernier, soit plus de 30%, ont fait "explicitement référence à la question de la Palestine", selon ce rapport.
En milieu scolaire
Le Crif fait aussi état d'une "nette hausse des actes antisémites" constatée entre le 27 mai et le 10 juin, sur fond de campagne électorale européenne et d'opération militaire israélienne à Rafah. Il déplore "le martèlement de l'accusation mensongère de génocide, ainsi que son corollaire consistant à accuser les soutiens d'Israël d'être 'pro-génocide'" qui ont contribué "à diaboliser l'image des Juifs en France".
Enfin le Crif annonce 192 actes antisémites dans le milieu scolaire, soit 12% du total recensé sur l'année.
Ces chiffres sont inférieurs à ceux publiés par les ministères de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur car "la majorité des actes signalés par les établissements scolaires à leurs ministères respectifs ne font pas l'objet de plainte", ajoute le rapport.
Reste que "les élèves juifs représentent moins de 1% des élèves, mais ils sont l'objet de près de 50% des violences ou incidents" racistes et antisémites signalés par les établissements, souligne Yonathan Arfi.