Duflot, Hammadi, Désir: à gauche, on fait feu contre Valls

Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Cécile Duflot, ensemble à Marseille, mardi 20 août. - -
Une rentrée médiatique qui fait grand bruit. Manuel Valls est critiqué à gauche, ce mercredi matin, dans la presse, après ses déclarations sur l'immigration et le regroupement familial tenues sur BFMTV, mardi matin.
Le député PS Razzy Hammadi, le premier secrétaire du parti Harlem Désir et la ministre Cécile Duflot y sont tous deux allés de leur critique, ne cachant pas le désaccord avec le ministre de l'Intérieur.
Valls "ne rend pas service à la gauche"
Le député socialiste de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi, estime, dans un entretien au Figaro, que "Manuel Valls ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie".
Le locataire de la place Beauvau a en effet appelé mardi matin, sur BFMTV/RMC, à "tirer toutes les conséquences" de l'augmentation de la population mondiale, africaine en particulier, et estimé que "la question du regroupement familial (pouvait) être posée", confirmant ainsi des propos qui lui avaient été prêtés lors du séminaire gouvernemental, la veille, sur "la France de 2025". Lors de cette réunion, Manuel Valls avait évoqué la question de "la compatibilité de l'islam et de la démocratie".
"La remise en cause du regroupement familial pas à l'ordre du jour"
Autre critique au PS, celle du premier secrétaire du parti, Harlem Désir. Invité sur RTL ce mercredi matin, il a indiqué que la question du regroupement familial, évoquée par Manuel Valls, était "un faux débat" que cette question "ne se pose même pas" et que "sa remise en cause n'est pas à l'ordre du jour".
Des divergences au sein du gouvernement? Non, semble indiquer Harlem Désir qui a balayé la polémique d'un revers de la main, rappelant l'objectif du gouvernement: "faire en sorte que la situation des Français s'améliore".
Duflot très critique
Pourtant la critique la plus vive vient d'une ministre. Cécile Duflot, ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, s'oppose radicalement, dans Libération, aux prises de position de son collègue de l'Intérieur sur l'immigration et la politique pénale, excluant toute remise en cause du regroupement familial des immigrés. Pour elle, la question du regroupement familial "ne se pose même pas: le droit à vivre en famille ne souffre pas d'exception. Il est garanti par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme".
Quant à la réforme pénale, sur laquelle Manuel Valls et la ministre de la justice sont en désaccord, Cécile Duflot estime qu'"en matière de justice, il n'y a qu'une ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira". Une manière d'insinuer que le ministre de l'Intérieur incarnerait une politique de droite.
"Nul ne doit oublier que pour être dur avec le crime, il faut aussi être dur avec les causes du crime", argumente Cécile Duflot, déclarant faire "entièrement confiance" au Premier ministre Jean Marc Ayrault qui, dit-elle, "arbitrera le moment venu"." Elle se félicite que le chef du gouvernement ait, mardi, "annoncé à Marseille de façon très claire que nous (la majorité de gauche, ndlr) supprimerons les peines-planchers".
Canfin et Placé enfoncent le clou
Manuel Valls a "mis beaucoup de désordre depuis dix jours", a estimé ce mercredi matin Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs EELV, à l'antenne de BFMTV. "Moi je ne suis pas agacé ou pas par le ministre de l'Intérieur. Je trouve assez paradoxal que celui qui veut incarner l'ordre républicain au sein du pays, crée à la rentrée un tel désordre au sein du gouvernement et de sa communication", a-t-il indiqué.
Mêmes mots de la part de Pascal Canfin, ministre délégué au Développement, interrogé par Le JDD. "Pour quelqu'un qui veut incarner l'ordre, c'est lui qui déclenche le désordre", a expliqué le minitre, s'interrogeant sur la possibilité d'une participation des écologistes au gouvernement "si Manuel Valls était Premier ministre".