Bruno Retailleau, Sébastien Lecornu... Ces ministres rejetés à deux reprises par le Parlement, une première pour la Ve République

Plus d'une quinzaine de membres de l'équipe de François Bayrou, désormais démissionnaire, avaient déjà survécu à la chute de Michel Barnier en décembre dernier. Le centriste avait fait le choix de conserver un gouvernement relativement stable. Plusieurs de ces figures pourraient à nouveau rester en poste en cas de nouveau Premier ministre issu du bloc central.

Censurés en décembre dernier et désormais renversés par les députés après le fiasco du vote de confiance ce lundi 8 septembre. Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, une poignée de ministres ont vécu quasiment successivement deux crises politiques. Bruno Retailleau ou encore Catherine Vautrin sont ainsi les premiers à avoir été rejetés deux fois par les députés.

Plusieurs cas de figure expliquent cette situation. Première option: le choix de garder des personnalités très politiques à des portefeuilles très exposés. Ce fut par exemple le cas pour le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, son collègue des Armées Sébastien Lecornu ou encore Rachida Dati à la Culture.

Le maintien du locataire de la place Beauvau avait le mérite indéniable de maintenir dans le giron de François Bayrou les élus Les Républicains, l'une des principales composantes du socle commun.

"J'ai voulu un gouvernement de poids lourds avec des hommes et des femmes d'expérience" dans "un moment très lourd, très grave", avait d'ailleurs expliqué le patron du Modem sur BFMTV début juillet.

Des techniciens restés en charge de leurs dossiers

Autre cas: le maintien de ministres plus méconnus du grand public mais bons connaisseurs de leurs dossiers. La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, chargée de plancher sur une réforme de l'assurance-chômage sous Michel Barnier puis sous le patron du Modem a été maintenue à son poste.

Même topo pour la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher ou encore Françoise Gatel, ministre déléguée à la Ruralité, Charlotte Parmentier-Lecoq à l'Autonomie et au Handicap ou encore Marc Ferraci à l'Industrie, François-Noël Buffet, délégué à l'Intérieur ou Clara Chappaz au Numérique.

Enfin, d'autres personnalités amenées à prendre la parole quasi-quotidiennement dans les médias ou des instances internationales ont également été maintenues. Ce fut par exemple le cas de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas ou encore Jean-Noël Barrot au Quai d'Orsay.

17 survivants... Et dans un troisième gouvernement?

Rare exception dans ce schéma des ministres maintenus quasiment poste pour poste entre Michel Barnier et François Bayrou: Laurent Saint-Martin, passé du budget en décembre dernier au Commerce extérieur et Catherine Vautrin, d'abord ministre à la Décentralisation avant de prendre la tête d'un ministère XXL du Travail, de la Santé et des Solidarités.

En tout, 17 secrétaires d'État ou ministres ont survécu, entre le gouvernement de Michel Barnier et celui de son successeur tout aussi éphèmère. Pourront-ils encore sauver leur peau après la nomination "dans les tous prochains jours" d'un nouveau Premier ministre promise par Emmanuel Macron? Tout dépend du profil du successeur de François Bayrou.

Chute de Bayrou: de la crise politique à la crise de régime?

19:35

Des équilibres à redéfinir en fonction du prochain Premier ministre

Si cette nouvelle personnalité était issue du bloc central, nul doute qu'elle souhaiterait conserver des ministres LR pour s'assurer le soutien des députés de droite. Autrement dit, Bruno Retailleau aurait toutes les chances de rester place Beauvau.

Si Emmanuel Macron faisait plutôt le choix d'une personnalité de gauche, cherchant désormais de nouveaux alliés parmi les écologistes et les socialistes, il serait très probable que les membres du gouvernement issu des troupes de Laurent Wauquiez doivent faire leurs cartons. Exit par exemple la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, très proche de Gérard Larcher.

Les macronistes auraient cependant des chances de rester en poste si le nouveau Premier ministre cherchait à nouer un accord de non-censure avec Renaissance.

Marie-Pierre Bourgeois