"Nous sommes déçus": la plateforme Kick accuse Clara Chappaz d'avoir profité de la mort de Jean Pormanove

La plateforme australienne Kick a accusé jeudi le gouvernement français de "tirer parti" de la mort du streamer Raphaël Graven, après la démarche judiciaire envisagée par la ministre française déléguée au Numérique Clara Chappaz.
"Nous sommes déçus d'apprendre que les médias ont été informés des démarches de la ministre avant Kick. Cela suggère qu'il ne s'agirait pas de la protection des créateurs, ni de celle des clients ou du bien-être de l'industrie, mais plutôt d'un discours politisé qui tirerait parti d'une perte individuelle tragique", écrit la plateforme dans un communiqué.
Une plateforme où tout est permis
Raphaël Graven, connu sur le pseudonyme de Jean Pormanove, est décédé le 18 août 2025 après douze jours de direct en continu durant lesquels il avait subi les brimades physiques et psychologiques de deux de ses co-streameurs, Naruto et Safine.
Ses obsèques se sont déroulées hier, mercredi 27 août, où ils étaient d'ailleurs conviés par les proches de la victime, notamment sa mère.
Kick est directement pointé du doigt pour avoir laissé faire ces dérives, qui ne datent pas d'hier, mais bien de plusieurs mois. La plateforme, créée par des spécialistes en cryptomonnaie et en casinos en ligne, est connue pour ses règles de modération quasiment inexistantes. Si dans son communiqué, elle explique disposer d'un règlement strict, les faits montrent le contraire: ces dernières années, plusieurs affaires de violences ont éclaté et ont été diffusées en amont sur Kick.
Des "voyoux numériques"
Clara Chappaz a décrit son duo fondateur comme "des voyous numériques", tandis qu'un représentant européen de Kick a finalement été nommé, alors même qu'elle opère sur le vieux continent depuis 2022. Une attitude contraire au DSA, le règlement européen sur les services numériques. Outre la plainte de la ministre, le parquet de Paris a également lancé une enquête préliminaire afin de savoir si Kick a manqué à ses obligations de modération.
Par ailleurs, une enquête de Tech&Co a démontré que le compte X de Kick France était au courant de ce qui se déroulait sur la chaîne de Jean Pormanove, notamment en créant des mèmes et des t-shirts à son effigie, pour ensuite les diffuser sur les réseaux sociaux.
Vilain petit canard du web, Kick est le concurrent de Twitch, dont les créateurs avaient été bannis. C'est après ce passage remarqué sur la plateforme appartenant à Amazon qu'ils ont donc co-fondé Kick avec une volonté de laisser plus de liberté aux créateurs et mieux les rémunérer.
Dans le même temps, l'Australie a également lancé une enquête pour savoir si Kick était bien en règle sur l'ensemble de ses obligations, notamment vis-à-vis d'un jeune public.