BFMTV
Élysée

Pourquoi Emmanuel Macron veut (et doit stratégiquement) nommer un nouveau Premier ministre rapidement

François Bayrou, leader du MoDem, et le président Emmanuel Macron, le 21 juin 2022 à l'Elysée, à Paris

François Bayrou, leader du MoDem, et le président Emmanuel Macron, le 21 juin 2022 à l'Elysée, à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Après la chute du gouvernement Bayrou, le chef de l'État a promis de nommer un nouveau Premier ministre "dans les tout prochains jours". Un calendrier serré, entre oppositions divisées et calendrier social et international chargé.

Au lendemain de sa chute, François Bayrou, qui a massivement perdu lundi son pari d'obtenir la confiance de l'Assemblée nationale, doit remettre sa démission, conformément à l'article 50 de la Constitution, ce mardi 9 septembre à la mi-journée au président de la République qui en a déjà "pris acte".

Emmanuel Macron a déjà promis de nommer un Premier ministre dans les "tout prochains jours", une nomination qui promet d'être plus rapide que celle de Michel Barnier (52 jours), pressée par les oppositions ainsi que par le calendrier social et international.

"Renommer un Premier ministre très rapidement lui redonnera de l'oxygène"

"Il y a une urgence à ne pas laisser le siège de Premier ministre vacant. Le chef de l'État se retrouve encore en première ligne face aux oppositions. C'est la 'stratégie du rempart'", explique à BFMTV un cadre du bloc central.

"Renommer un Premier ministre très rapidement lui redonnera de l'oxygène", ajoute-t-on de même source.

D'autant que les différents partis ont des visions radicalement opposées pour la suite: Gabriel Attal réclame un "négociateur" pour aboutir à "un accord d'intérêt général" jusqu'à 2027, le Rassemblement national demande une nouvelle dissolution. La France insoumise appelle à une présidentielle anticipée et la destitution d'Emmanuel Macron, tandis que le Parti socialiste et les Écologistes veulent un Premier ministre de gauche.

À la veille du mouvement de protestation "Bloquons tout", né sur les réseaux sociaux et soutenu par la gauche, la situation sociale est tendue. "Je ne pense pas que le mercredi 10 septembre entre nécessairement dans l'équation", croit savoir un interlocuteur du chef de l'État.

"Il ne peut pas se permettre d'apparaître encore plus affaibli"

Emmanuel Macron devra également composer avec l'agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française dès vendredi et engendrer des turbulences sur les marchés financiers. Le 18, l'intersyndicale appelle à une journée de grève et de mobilisation.

L'agenda international est également chargé avec le 22 septembre une conférence, co-présidée par Emmanuel Macron au siège de l'ONU à New York, sur la "solution à deux États" au cours de laquelle Paris doit formaliser, de même que plusieurs autres pays, sa reconnaissance de l'État palestinien.

"Depuis la dissolution, le président mise tout sur l'international. Il y a une date cruciale à avoir en tête: le 22 septembre. Il sera à New York pour la conférence sur la 'solution à deux États': il ne peut pas se permettre d'apparaître encore plus affaibli auprès de ses homologues", souligne un cadre macroniste à BFMTV. Et d'ajouter: "Il doit avoir 'rangé la chambre' avant de partir!" 

Léopold Audebert avec Fanny Rocher