Après l'expérimenté Delevoye, le technicien Pietraszewski désormais au chevet des retraites

Muriel Pénicaud ne sera plus la seule ancienne DRH d'un groupe de renom au sein du gouvernement Philippe. L'ex-Danone va bientôt être rejointe par Laurent Pietraszewski, choisi mardi soir pour remplacer Jean-Paul Delevoye en tant que "M. Retraites" de l'exécutif. Un temps responsable des ressources humaines au sein du groupe Auchan, le député La République en marche du Nord devient donc secrétaire d'État en charge de la réforme phare du quinquennat. Il est rattaché au ministère des Solidarités et de la Santé.
Le nom de ce père de famille de 53 ans, novice en politique, circulait en coulisses dès l'annonce du départ précipité de Jean-Paul Delevoye. Un député LaREM qui a vécu de près la dernière séquence expliquait lundi à BFMTV.com combien la nomination de "Pietra" arrangerait Édouard Philippe.
Le Premier ministre, qui ne tient aucunement à céder face aux syndicats sur la question de l'équilibre financier du futur régime de retraites, peut désormais compter sur "un 'techos' qui n'a pas encore d'épaisseur politique et qui lui laisse les mains libres". De quoi le comparer, selon ce même parlementaire, à Jean-Baptiste Djebbari, ancien député de la Haute-Vienne propulsé au secrétariat d'État aux Transports grâce à ses compétences techniques. Soit l'inverse d'un homme politique madré comme Jean-Paul Delevoye.
"Et comme aucun député ne peut résister à l'envie d'obtenir un maroquin, 'Pietra' acceptera", prédisait justement cette source.
Rapporteur sur la loi "code du travail"
Il faut toutefois préciser combien l'approche technicienne de Laurent Pietraszewski a été remarquée dès les débuts de la mandature, notamment pour les sujets liés au marché du travail. À peine élu à l'Assemblée nationale, ce père de famille aujourd'hui âgé de 53 ans a été bombardé rapporteur, en juillet 2017, du projet de loi habilitant le gouvernement à réformer le code du travail par ordonnances. Deux ans et demi plus tard, le député de la circonscription de Dunkerque et Gravelines allait se voir attribuer le même rôle, pour un texte tout aussi politique mais autrement plus complexe: la réforme des retraites.
Les choses ont néanmoins commencé à s'écrire dès le mois d'octobre 2018. À l'époque, l'élu nordiste est chargé de coordonner, avec Jean-Paul Delevoye - alors pas encore membre du gouvernement -, le travail de 38 "ambassadeurs retraites" issus de LaREM et du MoDem. Des parlementaires censés quadriller le territoire pour expliquer le contenu de la future réforme, préparer les esprits au régime universel par points.
Poids lourd de la majorité
Parallèlement, le natif de Seine-Saint-Denis endosse le rôle de "whip", de coordinateur des troupes LaREM au sein de la commission des Affaires sociales du palais Bourbon. C'est qu'au sein de la majorité, Laurent Pietraszewski a tôt fait de s'imposer comme un poids lourd, adepte du dialogue et de la négociation.
Comme le racontait L'Opinion dès l'automne 2017, l'élu du Nord a intégré la cellule informelle "Care" ("soin" en anglais, NDLR) du groupe LaREM à l'Assemblée nationale. Sujets au spleen du noviciat et aux frustrations que beaucoup méconnaissaient jusqu'alors, les députés marcheurs ont besoin d'un coup de remontant. Avec d'autres, Laurent Pietraszewski se charge donc d'être une boussole pour les collègues en proie au doute. L'ex-DRH reprend déjà du service.
Pur produit du macronisme
Jamais encarté, ce titulaire d'un DEA en économie industrielle et des ressources humaines à l'université de Lille I est un pur produit du macronisme, versant "société civile". Il a rejoint le mouvement En Marche! lors de sa fondation au printemps 2016. Après la victoire de son fondateur à l'élection présidentielle, il se présente dans une circonscription tenue par le Parti socialiste depuis 20 ans. En ballottage favorable face à une candidate du Front national, Laurent Pietraszewski l'emporte avec plus de 67% des suffrages exprimés.
Engagé dans l'association "Force femmes", chargée d'aider les femmes de plus de 45 ans à trouver du travail, il est aussi dans le conseil d'administration de l'Institut du marketing et du management de la distribution (IMMD) à Roubaix. Reste à savoir si ces activités sont compatibles avec ses nouvelles fonctions. Plus question pour le gouvernement de laisser polluer son calendrier après le précédent Delevoye.