27 jours à Matignon: Sébastien Lecornu devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République

Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, à Matignon le 3 octobre 2025 - Photo by Alain JOCARD / POOL / AFP
Moins d'un mois. Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre dernier par le président Emmanuel Macron, dont il est très proche, aura tenu seulement 27 jours à la tête de Matignon.
Quelques heures à peine après avoir nommé la première partie de son gouvernement qui se fissurait déjà, il a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui "l'a acceptée" d'après l'Élysée, devenant le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.
Lecornu devance Barnier, Cazeneuve et Attal
Sébastien Lecornu bat ainsi un triste record, établi l'an dernier par Michel Barnier, resté seulement 99 jours en fonction, avant que François Bayrou ne lui succède pour une durée de 269 jours. Le patron du Modem devance quant à lui l'actuel patron du parti présidentiel, Gabriel Attal (240 jours) et le dernier chef de gouvernement de François Hollande, Bernard Cazeneuve (155 jours).
À l'inverse, les Premiers ministres à s'être maintenu le plus longtemps à Matignon sont Georges Pompidou (2279 jours), François Fillon (1820 jours) et Lionel Jospin (1799 jours).
Pour Sébastien Lecornu, déjà mal embarqué dans sa mission de faire voter un budget, tout s'est joué ces dernières heures. Lors de l'annonce de la première partie de son gouvernement, composée principalement des ministres de François Bayrou mais aussi du revenant Bruno Le Maire, les critiques ont été vives de la part des oppositions.
Lesquelles ont dénoncé un "recyclage", une "provocation" ou encore un "déni de démocratie".
Mais, plus délicat encore pour le Premier ministre, les réprobations sont également venues du parti Les Républicains, présent au gouvernement depuis les élections législatives anticipées de 2024. Mis sous pression en interne, le patron de la formation de droite, Bruno Retailleau, qui s'était entretenu à Matignon juste avant l'annonce du gouvernement, a annoncé la convocation d'un réunion d'urgence des instances du parti ce lundi.
Le motif: "la composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise" par le Premier ministre lors de la passation de pouvoir, le lendemain de sa nomination.
Des menaces de censure qui se précisaient
Si la participation de LR au gouvernement était potentiellement remise en cause, fragilisant encore le gouvernement, il ne s'agissait pas du seul obstacle sous la route de Sébastien Lecornu. Loin de là. Avant sa déclaration de politique générale, qui devait avoir lieu ce mardi, et en amont de la présentation de son projet de budget, il faisait toujours face aux menaces de censure du côté de la gauche et de l'extrême droite.
Cette question était on ne peut plus d'actualité, comme l'a encore répété le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur France Inter ce lundi matin, pendant que le vice-président du RN, Sébastien Chenu disait "ne pas voir d'autre voie" sur France Info. Or, faute de détenir la majorité avec sa coalition camp présidentiel-LR, le chef du gouvernement ne pouvait survivre à censure sans la bienveillance de l'un des partis d'opposition.
Sébastien Lecornu aura bien tenté de convaincre, mais son dernier coup de poker, celui d'abandonner ce vendredi l'usage de l'article 49.3 de la Constitution, n'aura pas suffi.