BFMTV
Politique

Gouvernement et industriels baisseront les prix du carburant

-

- - -

Un effort de l'Etat, un autre du secteur pétrolier : c'est la combinaison choisie par le gouvernement pour faire baisser les prix de l'essence. Plusieurs rencontres se tiendront lundi et mardi avec les associations de consommateurs et les professionnels.

Ce sera fait dès cette semaine : les prix des carburants devraient baisser très rapidement, promet le gouvernement alors que Jean-Marc Ayrault avait annoncé sur RMC et BFMTV une baisse « modeste » et « provisoire ». Le gouvernement doit maintenant préciser son projet lors de rencontres entre le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et les associations de consommateurs ce lundi, puis avec les entreprises mardi. Car pour le moment, il faut bien admettre qu’on ne connaît pas encore l’ampleur de la baisse.

1 centime d'euro par litre, pour les distributeurs

Cet effort, les entreprises ont promis de l’accompagner à leur mesure, car la marge nette des distributeurs de carburant est d'un centime d'euro par litre, « très comprimée par une forte concurrence », selon un rapport de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) révélé dimanche par le site Internet de La Tribune.
De son côté, l’effort du gouvernement devrait porter sur la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), l’ex TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers), qui représente environ 61 centimes par litre d'essence et 43 centimes pour le gazole. Mais n’espérez pas voir les prix plonger, car la baisse ne devrait être que de quelques centimes.
Selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest dimanche, 55% des Français se disent d'ailleurs « plutôt mécontents » de la mesure proposée par le gouvernement et jugent que « l'effort financier de l'Etat (n'est) pas suffisant ».

« Ce qui sera perdu d’un côté sera récupéré de l’autre »

C’est l’avis, aussi, de Laurent Hecquet, consultant en automobile qui pense que ce que l’on nous donne d’une main nous sera repris de l’autre : « Si les prix vont baisser, on risquera d’assister par ailleurs à une augmentation d’autres prélèvements fiscaux. Ce qui sera perdu d’un côté sera forcément récupéré de l’autre car l’Etat, aujourd’hui, a besoin d’argent ». La baisse des taxes coûterait ainsi à la France, pour chaque centime d’euro du litre, 500 millions d'euros par an.

« Relativement sensible pour l’automobiliste »

Jean-Louis Schilanski, lui, veut y croire. Le président de l'UFIP (Union française des industries pétrolières) rencontrera demain le ministre de l’Economie et attend de voir. Pas de recette miracle, mais de petits efforts de chaque côté pourraient avoir un effet, pense-t-il. « Il faudra voir ce qu’il va se passer mardi. Ca dépend beaucoup de ce que le gouvernement va faire en matière de taxe, mais en additionnant d’une part l’action de l’Etat, et d’autre part l’opération provisoire (des pétroliers, NDLR) dont on va discuter, ça peut être relativement sensible pour l’automobiliste ».

« Le client ne s’en apercevra même pas »

Tout dépend, maintenant, du chiffre qui sera mis derrière le terme « sensible ». Et pour Christian Roux, le président de la Branche nationale des propriétaires-exploitants de stations-service, il ne faut avoir aucun espoir. Lui-même se dit impuissant. « On ne peut jouer que sur nos marges, de 3 à 6 centimes du litre. Si on donne 10% de nos marges, ce qui est déjà énorme, ça fait 0,6 centime de baisse au maximum, le client ne s’en apercevra même pas, et on n’a pas le droit de vendre à perte. Nous, on veut bien jouer le jeu et faire un effort, mais un effort de quoi, puisqu’on n’a rien ». Le représentant des petites stations-service appelle donc le gouvernement à promettre ce qu’il veut en son nom, mais à ne pas trop attendre des pompistes. « Si les gens s’attendent à avoir 10 ou 15 centimes d’euros de moins sur le litre, ils ne les auront pas, ce n’est pas possible », conclut-il.