Imams algériens en France pour le ramadan: Retailleau accuse l'extrême droite de dire "n'importe quoi"

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, à Lognes en Seine-et-Marne le 7 février 2025 - Thomas SAMSON / AFP
Face à Bruno Retailleau, un très droitier ministre de l'Intérieur qui chasse sur ses plates-bandes, le Rassemblement national cherche la parade. Comment? En essayant de démontrer l'écart entre les paroles et les actes de ce dernier. C'est ainsi que le parti d'extrême droite s'est saisi d'une information de Marianne ce mardi 25 février.
Comme chaque année, la France va délivrer des visas à des imams étrangers à l'occasion du Ramadam, qui pourrait commencer ce vendredi 28 février, afin de pallier le manque de récitateurs du Coran dans l'Hexagone. Or, cela vaudra également pour des imams algériens, rapporte l'hebdomadaire. Ils seraient quelques dizaines, selon les informations du Figaro.
Cela en dépit des tensions croissantes entre Paris et Alger, qui a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de laisser entrer sur son sol plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.
"Mensonge"
L'extrême droite saute sur l'occasion. Jean-Philippe Tanguy attaque le ministre de l'Intérieur depuis son compte X. "Dimanche, au 20h de TF1, Bruno Retailleau annonçait qu'il fallait durcir nos relations en Algérie... Mensonge!", dénonce le président délégué du groupe RN à l'Assemblée, bientôt rejoint par un porte-parole du parti à la flamme, Laurent Jacobelli.
"Incapable d’expulser les influenceurs algériens, Bruno Retailleau préfère importer leurs imams. Il parlait comme nous mais agissait en macroniste. Maintenant, il parle en macroniste et agit en macroniste", cingle-t-il.
Allié au RN et ancien président du parti Les Républicains, la formation politique de Bruno Retailleau, Éric Ciotti va encore plus loin. "Qu’attend Bruno Retailleau pour agir ou démissionner?", questionne le député des Alpes-Maritimes.
"N'importe quoi"
En face, l'intéressé rend les coups dans un message sur X. "La fermeté migratoire, ce n’est pas dire et faire n'importe quoi. La venue de ces Imams est strictement encadrée depuis des décennies, ils viennent en France le temps du Ramadan et repartent ensuite", recadre-t-il.
Avant d'ajouter: "Ma politique, c’est d’une part de faire la chasse aux islamistes, et d’autre part de renforcer le sentiment d’appartenance à notre communauté nationale chez nos compatriotes musulmans." Et le ministre de l'Intérieur de souligner qu'"entraver la liberté de culte reviendrait à donner raison aux extrémistes et à désespérer les patriotes musulmans sincères, et ils sont nombreux".
Réponse de Jean-Philippe Tanguy: "Pour 'renforcer le sentiment d’appartenance à notre communauté nationale chez nos compatriotes musulmans', il faut des imams français formés en France tant promis depuis Nicolas Sarkozy. Surement pas des imams téléguidés par des gouvernements étrangers!"
La France a pris la décision de ne plus accueillir des imams détachés, lesquels sont financés par d'autres pays, à partir du 1er janvier 2024, reprenant une promesse d'Emmanuel Macron, qui visait à augmenter en parallèle le nombre d'imams formés en France.
En revanche, la venue d'imams pour le Ramadan n'est pas "remise en cause", comme l'indiquait une missive envoyée par l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin aux pays concernés fin 2023.