Images d'exactions de Daesh sur Twitter: l'Assemblée lève l'immunité de Marine Le Pen

Le bureau de l'Assemblée nationale a décidé ce vmercredi de lever l'immunité parlementaire de Marine Le Pen. La présidente du Front nationale et députée avait diffusé sur Twitter des photos d'une victime de Daesh sur son compte. Cette décision intervient après une demande de justice.
Le bureau, plus haute instance collégiale de l'Assemblée composée de 22 députés, ne s'est pas prononcé sur le fond du dossier concernant la présidente du FN, comme habituellement, mais sur le caractère sérieux, loyal et sincère de la demande de la justice. Cette levée d'immunité doit permettre à la justice de délivrer un "mandat d'amener" afin que la députée se rende à la convocation des juges.
Le Pen se dit "persécutée"
La décision de l'Assemblée a été immédiatement critiquée dans le camp frontiste. Marine Le Pen a dénoncé une "décision de basse politique politicienne". Dans un communiqué de presse envoyé dans l'après-midi, la présidente du FN évoque "un combat violent contre le Front national" ainsi que, de la part du bureau d' Assemblée, '"une volonté de persécuter une adversaire politique et de tenter de museler celle qui incarne l'opposition".
"Mieux vaut être un djihadiste qui rentre de Syrie qu'une députée qui dénonce les abjections de l'Etat islamique: on prend moins de risques juridiques", a aussi écrit la députée sur Twitter.
Sur le réseau social, Bruno Bilde, député FN du Pas-de-Calais a quant à lui parlé de "honte".
"Levée d’immunité parlementaire de Marine Le Pen: à l’Assemblée nationale, il vaut mieux défoncer le crâne d’un opposant comme l’a fait un député LREM, que d’utiliser sa liberté d’expression contre l’islamisme! C’est une honte", a-t-il écrit, évoquant l'agression de Boris Faure par M'Jid El Guerrab.
"Si Daesh ne montre pas la réalité de ce que Daesh veut faire à notre peuple, à nos populations, à nos compatriotes, qui le fera? Oui Daesh nous mène la guerre, et nous allons montrer ce que c'est que cette guerre", a estimé le député et porte-parole du FN Sébastien Chenu, sur BFMTV.
Collard visé également
En septembre dernier, l'immunité parlementaire de Gilbert Collard avait été levée pour la même raison par le bureau de l'Assemblée. L'élu du Gard a annoncé depuis avoir déposé un recours au tribunal administratif pour faire annuler cette décision. Il avait fait savoir son intention de porter plainte contre François de Rugy, le président de l'Assemblée.
Une enquête préliminaire a été ouverte en décembre 2015 par le parquet de Nanterre pour "diffusion d'images violentes", visant les deux frontistes, puis deux informations judiciaires distinctes ont été ouvertes. A l'époque, Marine Le Pen était députée européenne et pas encore députée, et le Parlement avait accepté de lever son immunité. Ces chefs d'accusation sont punis de trois ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende lorsque les images en question peuvent être vues par un mineur.
Un homme enflammé
Marine Le Pen avait posté trois photos avec le texte "Daech; c'est ça!": un homme vêtu d'une combinaison orange sous les chenilles d'un char, un homme vêtu de la même manière enflammé dans une cage et un corps d'homme décapité avec la tête posée sur le dos. Elle avait ensuite retiré une des photos, celle de James Foley, qui avait "profondément choqué" la famille de l'otage américain exécuté par Daesh.
En postant ces photos, les deux élus voulaient protester contre le "parallèle ignoble" Daesh-FN dressé selon eux lors d'une interview du politologue Gilles Kepel par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC.