"Bayrou est sympa", "décision lundi"... Le RN votera-t-il la censure pour faire tomber le gouvernement?

Le Rassemblement national va-t-il voter la censure du gouvernement de François Bayrou? Ce vendredi 31 janvier, le parti d'extrême droite n'a pas encore pris sa décision. La commission mixte paritaire, elle, est parvenue à se mettre d'accord sur une version commune du budget pour la France en 2025. Députés et sénateurs ont réussi à trouver un accord, malgré de fortes tensions sur la question de l'aide médicale d'État.
À partir de ce lundi, François Bayrou tentera de faire adopter ce texte à l'Assemblée nationale. Sans majorité, le gouvernement pourrait dégainer le 49.3, puis faire face au dépôt d'une motion de censure. Le vote de celle-ci aura lieu 48 heures plus tard, soit le mercredi 5 février.
"Le groupe décidera lundi"
Au terme de cette commission mixte paritaire, le Rassemblement national estime être "le seul qui s'en sort avec la tête haute", se félicite Jean-Philippe Tanguy. L'élu de la Somme estime que son parti "a obtenu l'ensemble des lignes rouges pour lesquelles Marine Le Pen et Jordan Bardella s'étaient maintenus".
"Les retraites seront toujours indexées, les médicaments seront toujours remboursés, il y a plus d'argent pour l'hôpital, il y a plus de postes pour les enseignants, il y a quelques économies sur les agences", a listé le député d'extrême droite.
Mais il reste prudent, jugeant qu'il "reste malheureusement un déficit qui part dans le décor et un dispositif sur le nucléaire qui est extrêmement grave".
De là à voter la censure contre le gouvernement de François Bayrou? "Le groupe décidera lundi avec Marine Le Pen et Jordan Bardella. Avant de parler censure, il faudrait savoir si monsieur Bayrou veut engager la responsabilité de son gouvernement (...). Rien n'est moins sûr. Et si c'est le cas, nous verrons ce que le groupe, Marine Le Pen et Jordan Bardella arbitrent", a indiqué Jean-Philippe Tanguy.
À l'issue de la commission mixte paritaire, un cadre du Rassemblement national est allé dans le même sens que le député de la Somme:
"On va regarder le texte. Ce qui est certain, c'est que s'il y a vote, on ne votera pas pour. On est pas dans la majorité, on ne soutient pas le gouvernement. Ensuite, le reste, ça va se discuter."
"Pas d'irritants particuliers" dans le budget pour le RN
Le Rassemblement national laisse donc planer la menace et, comme à son habitude, devrait faire connaître sa décision au dernier moment.
Un proche de Marine Le Pen reconnaissait cette semaine "qu'il n'y a pas une grosse pression dans le groupe pour censurer." "On n'en a pas parlé lors de la réunion de groupe cette semaine", précisant que "pour l'instant, c'est un impensé dans le groupe."
"Bayrou est sympa, tous ses lieutenants sont sympas, dès qu'il peut, il est sympa avec Marine et Jordan", a-t-il reconnu, tout en nuançant. "Ce n'est pas un motif de ne pas censurer. Ils sont plus aimables c'est bien mais ça me fait de belles jambes, Marine dit c'est la normalité d'être aimable en fait."
"La question qu'il faut se poser c'est, quand on retourne en circonscription, est-ce qu'on est capable d'expliquer notre choix? Si oui, c'est une bonne idée. Si non, alors ça sent le roussi", poursuit ce proche de Marine Le Pen.
Car plusieurs points posent toutefois problème pour le parti d'extrême droite comme la politique générale sur l'immigration ou la question du déficit. Idem pour l'article 4 du texte budgétaire, qui réforme des règles de mise en vente de la production d'électricité nucléaire. Pour le parti d'extrême droite, il pourrait provoquer une hausse des prix.
Il s'agit "d'un élément de gravité qui devrait nous mener à refuser ce budget", s'est même avancé Jean-Philippe Tanguy sur RTL ce vendredi.
Est-ce des lignes rouges pour le Rassemblement national? Un conseiller de Marine Le Pen le reconnaît: "il n'y a pas d'irritants particuliers" mais constate que "l'image du budget, c'est un ensemble de trucs ectoplasmiques. C'est un ectoplasme tout mou."
LFI, écologistes et communistes voteront la censure
La décision d'une censure n'est donc pas encore prise par le Rassemblement national qui devrait avancer dans sa réflexion ces deux prochains jours.
"La question de la censure c'est : est-ce que ce texte est bon pour la France? La réponse est non. Est-ce qu'il est dangereux pour la France? C'est l'analyse que l'on doit maintenant faire", présente ce conseiller de Marine Le Pen.
"On peut aussi choisir de voter contre le texte s'il y a vote et ne pas censurer pour que la France ait un budget et pour que le gouvernement ne tombe pas maintenant", avance-t-il aussi comme autre hypothèse.
À gauche, les communistes, les écologistes et la France insoumise devraient voter pour renverser François Bayrou. De leur côté, les socialistes sont moins catégoriques et pourraient se diviser sur ce vote.