Budget 2025: pourquoi le RN agite de nouveau la menace de la motion de censure

Marine Le Pen et certains cadres du RN, comme Jean-Philippe Tanguy et Sébastien Chenu, à l'Assemblée nationale le 14 janvier 2025 - Thomas SAMSON / AFP
Le Rassemblement national lance un avertissement au gouvernement. Le parti d'extrême droite a agité la menace de la censure ce jeudi 30 octobre lors des débats, à huis clos, en commission mixte paritaire (CMP) sur le budget de l'État. La raison? L'article 4 du texte, qui réforme des règles de mise en vente de la production d'électricité nucléaire. D'après, le RN, il pourrait provoquer une augmentation des prix.
"L'article 4 poursuit et aggrave les règles européennes de tarification sur l’électricité. Il installe pour des années le prix de l’électricité à des niveaux très élevés, complètement intenables pour les ménages et suicidaires pour les entreprises", dénonce ainsi Jean-Philippe Tanguy, dans des propos rapportés par Le Figaro. Il considère ce vendredi, au micro de RTL, que cette mesure doit faire l'objet d'une "discussion parlementaire que l'on appelle ad hoc, c'est-à-dire une loi uniquement sur cela".
Président délégué des députés du RN, Jean-Philippe Tanguy est l'un des deux membres de sa formation à participer à cette CMP, réunissant sept sénateurs et sept députés pour établir une version commune du projet de loi.
"Ce n'est pas moi qui décide"
Surtout, Jean-Philippe Tanguy est celui qui est à l'origine de cette menace de censure, selon les informations de l'AFP. Néanmoins, "ce n'est pas moi qui décide (...), c'est Marine Le Pen, Jordan Bardella et le groupe de nos parlementaires", a-t-il précisé, en marge des discussions. En tout cas, sa mise en garde n'a pas empêché l'article 4 d'être adopté par la CMP, où la coalition gouvernementale détient la majorité.
Jusqu'ici, le RN était resté discret. Peut-être de par le deuil entraîné par la mort de Jean-Marie Le Pen. Certainement aussi parce que l'extrême droite, depuis la chute de Michel Barnier le 4 décembre dernier, a été reléguée au second plan, le gouvernement privilégiant les socialistes pour parvenir à un compromis et assurer sa survie politique - même si les récents propos de François Bayrou sur un "sentiment de submersion" migratoire ont jeté un doute.
Le 16 janvier dernier, les lepénistes et leurs alliés de l'UDR, le parti d'Éric Ciotti, n'avaient pas joint leurs voix à la motion de censure déposée par des insoumis, des communistes et des écologistes. Vont-ils changer de braquet la semaine prochaine après la très probable utilisation du 49.3 par François Bayrou pour faire passer le texte de la CMP (dont le caractère conclusif ne fait guère de doute) à l'Assemblée, faute de majorité?
Si tel était le cas, le rôle des socialistes serait encore plus déterminant qu'il ne l'est aujourd'hui. Ils pourraient faire tomber la pièce des deux côtés. Face, le gouvernement est maintenu. Pile, il chute.
En attendant, les discussions budgétaires se poursuivent en CMP. Rendez-vous est donné à 8h30 ce vendredi pour l'examen de la partie dépenses du budget de l'État, après l'adoption de celle sur les recettes.