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Rassemblement national

Abrogation de la réforme des retraites: le RN s'offre une tribune à l'Assemblée

Le député RN Thomas Ménagé à l'Assemblée nationale, le 8 juin 2023.

Le député RN Thomas Ménagé à l'Assemblée nationale, le 8 juin 2023. - LUDOVIC MARIN / AFP

Le RN a présenté son texte sur l'abrogation de la réforme des retraites ce jeudi en séance publique, même si celui-ci a été vidé de sa substance en commission, profitant de la séquence pour se présenter en défenseur des travailleurs. Cela ne l'a pas empêché d'être massivement rejeté.

Certes, le texte du Rassemblement national pour abroger la réforme des retraites a été totalement vidé de sa substance en commission. Certes, l'extrême droite ne peut ni défendre le retour à un âge légal à 62 ans, ni celui d'une durée d'annuités unique à 42 ans, après que ses amendements de réintroduction ont été déclarés irrecevables par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet.

Mais l'occasion reste belle pour se présenter en défenseur des travailleurs. Et le parti à la flamme s'est attaché à en faire la démonstration ce jeudi 31 octobre, lors de sa journée consacrée à la présentation de ses textes à l'Assemblée nationale.

"Sectarisme", "hypocrisie", "entêtement"

Rapporteur de la proposition de loi, Thomas Ménagé sonne la charge en ouverture des débats. Le député du Loiret s'en prend aussi bien à la gauche qu'à la coalition LR-macronistes, dénonçant le "sectarisme" des uns, taxés de "sociaux-traitres", ainsi que "l'entêtement" des autres.

"Avec ces magouilles, vous avez gagné le prix du mépris, de l’hypocrisie, de l’insincérité, du sectarisme et enfin le prix de la bouffonnerie. Ceux qui en payeront le prix seront, malheureusement les Français", lance-t-il depuis la tribune. Tout en assurant que sa formation, elle, soutiendrait "toute initiative parlementaire, d'où qu'elle vienne" pour abroger la réforme des retraites.

"Ouin ouin"

Les mis en cause lui donnent la réplique. Le camp présidentiel d'abord, par la voie de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. Laquelle dénonce une réforme caractérisée par un "retour en arrière comme seule perspective, financée par la seule fiscalité sur le tabac." Avant d'ajouter:

"Débattre sérieusement des retraites suppose à minima d'expliquer où vous trouverez 3,5 milliards d’euros en 2025 et 16 milliards d’euros en 2032."

Tout autant offensive que Thomas Ménagé, Prisca Thevenot lui rend la pareille. "La seule chose que vous voulez avec ce texte, c’est vous rouler en boule et pleurnicher, crier au déni démocratique. En permanence, vous êtes dans le 'ouin ouin'", lâche la députée macroniste et ancienne porte-parole du gouvernement.

La gauche, embarassée par ce texte, rend également les coups, cherchant à se présenter comme le meilleur combattant de la réforme. À l'inverse d'un RN, dont la députée insoumise Anaïs Belouassa-Cherifi énumère la "longue liste de votes contre la volonté populaire", citant l'opposition de l'extrême droite au retour de l'ISF ou à la hausse du Smic. "Où étiez-vous en janvier 2023? Pas dans la rue, pas aux côtés des travailleurs", tacle également l'élue du Rhône.

Des propositions de loi sur le régalien

Et d'évoquer la prochaine niche parlementaire de LFI, le 28 novembre: "Ce jour-là, nous discuterons d'une vraie réforme d'abrogation des réformes des retraites que vous n'avez jamais combattues".

Le député écologiste Benjamin Lucas pointe quant à lui le "slalom idéologique" du RN sur les retraites, fustigeant une "évolution opportuniste" et dénuée de "sincérité" pour faire un coup politique.

La proposition de loi a finalement été largement rejetée avec 119 voix pour et 197 contre. Après l'examen de cette proposition de loi, le RN va notamment se concentrer sur le régalien avec un texte pour assouplir les conditions d'expulsion de certains délinquants étrangers et un autre visant à instaurer des peines planchers pour certains crimes et délits.

Baptiste Farge