BFMTV
Politique

François Hollande n'aime pas Donald Trump et ne s'est jamais privé de le rappeler

François Hollande, le 14 octobre 2016.

François Hollande, le 14 octobre 2016. - Martin Bureau - POOL - AFP

L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ne fait pas que des heureux en France. Le président de la République apparaît ce mercredi comme le premier de ses détracteurs. La preuve en quelques déclarations.

Visiblement, Donald J.Trump ne connaît pas bien François Hollande. Il y a quelques jours, à la question d’un journaliste voulant savoir ce qu’il pensait de notre chef de l’Etat, il avait répondu: "Il est contre l’entreprenariat, c’est ça?" avant d’ajouter: "Nous allons parler. Nous allons nous amuser. Tout va bien se passer." Ce ne sera pas évident si Donald Trump jette un œil aux multiples déclarations hostiles du président français à son égard.

Hollande juge que Trump "abaisse" l'Amérique

Publiquement, François Hollande ne laisse rien passer lorsqu’il s’agit de Donald Trump. Il y a quelques semaines, celui-ci avait assuré devant la vulnérabilité supposée de la France aux attaques jihadistes que "la France n’était plus la France". Il affirmait tenir cette assertion d’observations d’ "amis" habitués aux séjours hexagonaux. Le président de la République lui avait alors vertement répondu, lors d’un déplacement à Rivesaltes en juillet dernier:

"La France sera toujours la France, parce que la France ne cède jamais et parce que la France, elle porte toujours des idéaux, des valeurs, des principes qui font que nous sommes reconnus partout dans le monde. Et c'est quand on s'abaisse qu'on ne se ressemble plus. Cela peut arriver à d'autres, outre-Atlantique."

Hollande et Trump n'ont pas les mêmes valeurs

Pas besoin d’aller chercher loin pour trouver une trace de l'hostilité de François Hollande au successeur de Barack Obama. Ce mercredi à la sortie du conseil des ministres, le chef de l'Etat a commencé par saluer avec une rare froideur l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Il l’a ainsi félicité "comme il est naturel entre deux chefs d’Etats démocratiques", avant de poursuivre:

"J'engagerai sans tarder une discussion avec la nouvelle administration américaine mais je le ferai avec vigilance et franchise car certaines des positions prises par Donald Trump doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les Etats-Unis."

Ce discours fait écho à la supplique que François Hollande avait adressée au peuple américain quelques heures avant la fin de la campagne: "Je fais confiance au peuple américain pour savoir quel est le choix qui correspond le mieux aux valeurs, aux principes, à la liberté, à cette relation avec la France et avec l’Europe". Dans la bouche de François Hollande, il ne s’agissait pas d’un éloge du républicain.

Invité mercredi sur BFMTV, Dominique de Villepin, ancien chef du gouvernement et ancien ministre des Affaires étrangères, s’est agacé de la communication présidentielle: "Il ne comprend pas ce qu’il se passe aux Etats-Unis, ce qui peut laisser penser qu’il ne comprend pas ce qu’il se passe en Europe. (…) Nous, Européens, nous Français surtout, nous devons comprendre que nous nous sommes égarés depuis des années. La diplomation française n’a rien compris, rien prévu de ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis."

Pour le président, c'est physique

Si l’ex Premier ministre de Jacques Chirac s’est ému de cette prise de parole du Président, cette dernière n’était pourtant pas la plus emportée. En évoquant la situation internationale, en août dernier devant l’association de la presse présidentielle, François Hollande avait fait un crochet remarqué du côté de l’actualité américaine: "Les excès finissent par créer un sentiment de haut-le-cœur, aux Etats-Unis même, surtout quand on s'en prend, en l'occurrence Donald Trump, à un soldat, à la mémoire d'un soldat".

C’est peut-être ce "haut-le-cœur", cette évocation d’une répulsion physique, qui a conduit ce mercredi Florian Philippot, le vice-président du Front national, à dénoncer les "insultes" du président de la République à l’égard du président américain élu.

Trump, un personnage "vulgaire" pour le chef de l'Etat

Ou peut-être pensait-il à un passage du livre Un président ne devrait pas dire ça, qui retrace les confidences de François Hollande aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Le Président y livre sa conception du phénomène incarné par Donald Trump aux Etats-Unis:

"Trump pense être le candidat anti-système, mais dès qu’il va être président, s’il l’était, les Etats-Unis seraient LE système. Le système d’ailleurs le pire, le système d’oppression, de domination, de mépris, etc. Je pense que les Américains ont le même problème que nous, moins les institutions: déclassement des catégories moyennes, peur de l’immigration, raidissement moral, les musulmans...". Le moteur de l’action de Donald Trump n’avait rien de bien noble à ses yeux: "Ce qui l’anime, c’est la vulgarité."

Enfin, comme Manuel Valls, il estime que l’impact du milliardaire de l’immobilier s’étend au-delà du territoire américain à travers une "trumpisation des esprits" qu’il analyse ainsi: "C’est la simplification, l’attaque contre les élites, la caricature du système, une espèce de provocation permanente (…)."

L’administration Trump entrera en fonction le 20 janvier prochain à la Maison Blanche. François Hollande aura encore quelques mois devant lui avant de terminer son mandat à l’Elysée. Assez pour qu'on puisse imaginer quelques rencontres internationales relevées.

Robin Verner