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Europe Ecologie les verts

Remaniement: "l'erreur stratégique" des écologistes

Cécile Duflot et Pascal Canfin

Cécile Duflot et Pascal Canfin - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

EELV a refusé d'entrer au gouvernement Valls. Cette décision s'avère un risque important pour le parti, estime le politologue Daniel Boy.

Au terme d'une journée de discussion et après avoir été reçu en délégation par le nouveau Premier ministre français Manuel Valls, Europe Ecologie-Les Verts a finalement annoncé qu'il refusait d'entrer dans le gouvernement. Le politologue Daniel Boy décrypte cette décision pour BFMTV.com.

Manuel Valls a proposé un grand ministère de l'Ecologie à ELLV, qui l'a refusé. Comment expliquer cette décision?

Les écologistes ont montré leurs refus de la politique défendue par François Hollande et Manuel Valls. Mais, cela va aussi au-delà de la simple question de l'écologie. Au Monde, la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse a regretté un positionnement pas assez à gauche et exprimé ses inquiétudes sur la volonté réelle de donner une place majeure à l'écologie malgré une proposition 'correcte'. C'est un refus pour des raisons politiques plus qu'un rejet de Manuel Valls. Même si, l'inimitié entre Cécile Duflot et Manuel Valls est connue.

Est-ce une bonne stratégie de la part d'EELV?

C'est une erreur stratégique. Pas une "faute", qui est un jugement moral. Ils donnent l'impression de se laver les mains de la politique de la majorité mais ce sera dur de défendre auprès de leurs électeurs un positionnement écologique radical puisque les raisons de ce départ sont politiques.

Après, même s'il a fallu aller vite, que ce choix n'ait été validé que par le bureau exécutif du parti est surprenant. Certains ont déjà pris leurs distances avec ce choix et le risque d'une rupture à la tête des Verts est possible.

De plus, on ne peut nier qu'en prenant la main, Cécile Duflot a fait montre de ses ambitions mais si elle détruit le parti, cela restera comme une marque. Nous aurons un premier élément de réponse sur cette question samedi lors du Conseil fédéral d'EELV.

Est-ce un coup dur pour François Hollande?

Le président de la République connaissait les risques en nommant Manuel Valls à Matignon. Mais l'offre faite par le nouveau Premier ministre à EELV était large et les deux hommes ont pensé que ça passerait comme ça. Ce n'est pas un choix délibéré de conflit car François Hollande a besoin d'une majorité, déjà fragile, à l'Assemblée nationale. Se passer des écologistes était un risque qu'il ne pouvait pas se permettre.

Propos recueillis par Samuel Auffray