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Élysée

"Semer la barbarie": des critiques envers Macron après son attaque implicite contre Netanyahu

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Le président français a critiqué le Premier ministre israélien ce jeudi 24 octobre, alors que le ton monte depuis plusieurs semaines entre les deux hommes autour de la guerre à Gaza et au Liban.

De nouvelles déclarations symboles des tensions croissantes entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu. Le président français a critiqué implicitement le Premier ministre israélien ce jeudi 24 octobre lors d'une conférence organisée à Paris pour le Liban, déclarant: "On parle beaucoup de guerre de civilisation (...) Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie."

Une référence aux propos du président israélien, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban, tandis que Paris appelle avec insistance au cessez-le-feu et dénonce les frappes israéliennes, ainsi que les tirs israéliens jugés "délibérés" contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud libanais (Finul).

"Outrance"

Emmanuel Macron récolte des critiques en France. "Outrance et gâchis. Jamais dans l'Histoire une démocratie n'a accusé une autre démocratie de 'semer la barbarie'", a dénoncé sur X le Conseil national des institutions juive de France (Crif) présidé par Yonathan Arfi.

"La dégradation de la relation personnelle entre le président de la République et le Premier ministre israélien, que chacun perçoit, ne saurait justifier ces propos."

Même ton du côté de Caroline Yadan, députée du parti présidentiel qui représente la 8e circonscription des Français de l'étranger, dont fait partie Israël. "Non, Israël ne sème pas 'la barbarie'. La barbarie c’est celle que les israéliens subissent depuis le 7 octobre", a-t-elle jugé sur X, écrivant encore: "La barbarie monsieur le président, ce n'est pas une réponse militaire, si brutale et meurtrière soit-elle, à ces crimes cruels et racistes."

Soutien régulier d'Israël, Éric Ciotti a dénoncé des déclarations, qui sont "indignes et fausses", selon lui. "La barbarie c'est le Hezbollah et le Hamas, pas la démocratie israélienne!", a-t-il écrit.

Jeudi, la conférence pour le Liban, initiée par Emmanuel Macron, a permis de récolter un milliard de dollars pour les Libanais, dont 200 millions pour leur armée, à défaut d'avancées diplomatiques.

Paralysé depuis des années par une crise politique et économique, le Liban est désormais le théâtre d'une guerre entre Hezbollah, soutenu par l'Iran, et Israël. Les affrontements ont fait plus de 800.000 déplacés, selon l'ONU. En Israël, 60.000 personnes ont également dû quitter leur foyer depuis un an du fait de frappes du Hezbollah.

Passes d'armes successives

Le ton est monté entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu à plusieurs reprises ces dernières semaines. "Monsieur Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU", a déclaré le chef de l'État en Conseil des ministres le 15 octobre, selon des propos rapportés par des participants.

Avant de dénoncer avec une rare virulence le "manque de professionnalisme" des ministres et des journalistes, leur reprochant d'avoir "déformé" et divulgué ses propos.

Par ces déclarations, Emmanuel Macron faisait allusion au vote en novembre 1947 par l'Assemblée générale des Nations unies du plan de partage de la Palestine en un État juif et un État arabe.

Benjamin Netanyahu lui avait vivement répondu dans un communiqué: "Un rappel au président de la France: ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'État d'Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l'Holocauste - notamment du régime de Vichy en France".

Ce vif échange en suivait un autre. Le 5 octobre, le président français avait appelé à "cesser de fournir les armes pour mener les combats à Gaza", dans un message adressé essentiellement aux États-Unis.

"La France n'en livre pas", avait-il souligné."Honte!", s'était exclamé dans une vidéo le Premier ministre israélien, estimant que "tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d'Israël" qui "combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran".

Baptiste Farge