Hollande a-t-il pris un virage social-libéral?

François Hollande lors des voeux au gouvernement le 7 janvier - -
Le président de la République est à Toulouse, jeudi, en ouverture du "Hollande Tour 2014". Cette visite dans la ville rose doit être l'occasion de parler logement et "de la vie des entreprises". Le chef de l'Etat pourrait ainsi détailler son "pacte de responsabilité", proposé aux entreprises avec notamment un allégement des charges patronales en échange de créations d'emplois.
Cette proposition, avancée lors de ses voeux pour 2014, avait surpris au sein de la majorité. Pour l'aile gauche, elle constitue un nouveau pas en direction des patrons et du Medef, dont le "pacte de confiance" ressemble étrangement à la nouvelle proposition élyséenne.
Le président du Medef Pierre Gattaz s'est d'ailleurs dit "prêt à jouer jeu" et plusieurs ténors de l'UMP, tel Jean-Pierre Raffarin, ont lancé un "chiche" à François Hollande. L'ancien Premier ministre, qui est "prêt à le suivre dans cette voie", avoue même avoir trouvé les voeux du président de la République "plutôt à droite".
Plus de marges pour les entreprises, moins de contraintes administratives, moins de dépenses publiques, faut-il y voir un tournant social-libéral dans la politique menée par François Hollande?
"Il ne parle plus à la gauche"
Chez un homme qui revendique la constance et s'est fait connaître pour sa propension à la synthèse, ce changement est à mettre au crédit du jeune secrétaire général adjoint de l'Elysée, Emmanuel Macron, ont confié plusieurs sources à BFMTV. Chargé des questions économiques et sociale, le jeune énarque a pris l'ascendant, dans la bataille des conseillers présidentiels, sur la plume du chef de l'Etat Aquilino Morelle, étiqueté plus à gauche.
Dans le camp estampillé "présidentielle 2012" du chef de l'Etat, c'est l'incompréhension puisque François Hollande donne l'impression de s'écarter de son électorat de 2012.
"Hollande est en train de trahir sa propre parole", s'est ainsi agacé le numéro un du PCF Pierre Laurent mardi sur BFMTV. "Il est, sur le plan économique, dans la continuité des dogmes qui étaient mis en oeuvre par Nicolas Sarkozy. Il n'y a pas de rupture en la matière".
"Il ne parle plus à la gauche", a estimé de son côté l'eurodéputée EELV Eva Joly.
"Qui je suis?"
Seul le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux est monté au créneau pour dénoncer les amalgames. "Il n'y a pas de tournant dans la politique menée. Nous menons depuis le premier jour la même politique pour le redressement du pays, avec une obsession permanente: l'emploi, l'emploi et toujours l'emploi", a-t-il déclaré lors de ses voeux à la presse.
Une façon de dire que le cap fixé en mai 2012 n'a pas bougé d'un iota. Lors de sa dernière conférence de presse en mai 2013, interrogé sur sa famille politique, François Hollande avait assuré: "Qui je suis? Je suis socialiste!". Le 14 janvier, lorsqu'il se prêtera à nouveau à l'exercice, le chef de l'Etat dira-t-il: "Je suis social-démocrate!"?