Emmanuel Macron au Maroc: une visite d'État pour sceller la réconciliation avec Rabat

Emmanuel Macron et Mohammed VI à Rabat, au Maroc, pour l'inauguration d'une ligne ferroviaire, le 15 novembre 2018 - FADEL SENNA / AFP
Un séjour pour sceller le rapprochement entre Paris et Rabat. Emmanuel Macron est attendu ce lundi 28 octobre en fin de journée au Maroc pour une visite d'État de trois jours. Ce séjour doit permettre au président français de renouer avec le roi du Maroc Mohammed VI, après des années de brouille.
Cette visite, qui fait suite à une invitation fin septembre du roi Mohammed VI, "vise à marquer une nouvelle ambition pour les 30 ans à venir" dans la relation franco-marocaine, soutient l'Élysée.
"Nous entendons refonder (notre relation) mais aussi nous projeter dans les décennies qui viennent", en plaçant la "barre très haut dans de nombreux domaines", a encore soutenu dimanche 27 octobre le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, à La Tribune Dimanche.
Les deux pays, forts d'un "partenariat enraciné et solide", ont une "volonté commune" de "raffermir les liens" qui les unissent, assure de son côté Rabat.
Les OQTF au menu
Les deux dirigeants entendent de fait tirer un trait sur une série de contentieux. Parmi eux, des soupçons d'écoutes téléphoniques du président Macron, mais aussi la diminution par deux du nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre ses ressortissants en situation irrégulière.
Pour Patrick Stefanini, ex secrétaire général du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, invité de RMC-BFMTV ce lundi, "la question des OQTF (Obligations de quitter le territoire français NDLR) va s'inviter dans cette visite", alors que le ministre de l'Intérieur fera lui aussi le déplacement.
"Je pense que ce sera l'occasion, en tout cas je l'espère, pour Bruno Retailleau de dire au ministre de l'Intérieur du Maroc quelles sont ses attentes", a déclaré Patrick Stefanini.
"Quand on compare le nombre de visas qui sont chaque année accordés à des ressortissants marocains, de l'ordre de 200.000, et le nombre d'éloignements forcés, c'est moins de 2.000, il y a une forme de déséquilibre", a ajouté ce spécialiste de l'immigration.
Des accords économiques attendus
Il s'agit pour Emmanuel Macron de son troisième déplacement au Maroc comme président et de sa première visite d'État. Mohammed VI viendra accueillir son hôte à l'aéroport en grandes pompes, au son de 21 coups de canon. Au programme notamment pour Emmanuel Macron, un discours devant le Parlement marocain et un dîner d'État au palais royal.
Les deux pays devraient aussi signer divers accords économiques. La France espère notamment rester le prestataire privilégié du Maroc pour l'extension de la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Agadir.
Une importante délégation
Pour cette visite, Emmanuel Macron sera accompagné de son épouse Brigitte Macron, ainsi que d'une importante délégation. Neuf ministres seront à ses côtés, dont Bruno Retailleau pour l'Intérieur, Jean-Noël Barrot pour les Affaires étrangères et Antoine Armand pour l'Économie.
Divers chefs d'entreprises seront aussi du voyage. Les groupes LVMH, Veolia, Orange, Transavia, TotalEnergies, ou encore Airbus International seront représentés.
Avec eux, plusieurs artistes, sportifs et intellectuels représentant le monde culturel franco-marocain, comme l'humoriste Jamel Debbouze, les écrivains Leïla Slimani et Edgar Morin et l'acteur Gérard Darmon.
Une visite plusieurs fois repoussée
Envisagée initialement pour début 2020, la visite d'Emmanuel Macron a été plusieurs fois repoussée, alors que la priorité du président donnée à l'Algérie après sa réélection en 2022 avait contribué à jeter un froid dans les relations entre Paris et Rabat.
Emmanuel Macron a finalement opté pour un réchauffement avec le Maroc, où la France compte d'importants intérêts économiques, en exprimant son soutien en juillet à une solution au Sahara occidental "dans le cadre de la souveraineté marocaine".
Une position qu'il devrait réaffirmer haut et fort lors d'une allocution très attendue mardi devant le Parlement.