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Espagne, États-Unis, France... Le Maroc multiplie les victoires sur le Sahara occidental

Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohamed VI, novembre 2018

Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohamed VI, novembre 2018 - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Depuis la reconnaissance par l'administration américaine de Donald Trump en 2020 de sa souveraineté sur le Sahara occidental, le Maroc a obtenu que plusieurs autres pays, dont l'Espagne et désormais la France, appuient son plan pour ce territoire revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.

Un nouvel appui pour le Maroc sur la question du Sahara occidental. La France a renforcé ce mardi 30 juillet son soutien au plan marocain pour ce territoire du nord-ouest de l'Afrique.

Le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc - qui propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté - mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie. Il est considéré comme "territoire non autonome" par l'ONU.

Un soutien "clair et constant"

Le geste de Paris était attendu par le Maroc, pour qui la question du Sahara est une "cause nationale" et dont les relations avec la France s'étaient fortement refroidies ces dernières années.

"C'est un soutien clair à la souveraineté marocaine", a salué auprès de l'AFP l'ambassadrice du Maroc à Paris, Samira Sitaïl.

Sans reconnaître expressément la "marocanité" du Sahara occidental, le président français Emmanuel Macron, dans une lettre adressée au roi Mohammed VI à l'occasion de l'anniversaire de son intronisation il y a 25 ans, dit considérer que "le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine".

"Pour la France, l'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant", ajoute-t-il.

Appuyé par les États-Unis depuis 2020

Rabat considère que le Sahara occidental - qu'il désigne comme ses "provinces du Sud" - était partie intégrante de son territoire avant qu'il ne soit colonisé par l'Espagne et que sa "marocanité" ne saurait faire l'objet d'une "quelconque tractation".

Au terme du plan d'autonomie, l'État marocain maintiendrait sa souveraineté sur ce vaste territoire désertique longeant la côte atlantique - dont il contrôle de facto 80% - mais transférerait une partie de ses compétences administratives, législatives et judiciaires aux populations locales qui géreraient "elles-mêmes et démocratiquement" leurs affaires.

La région autonome garderait la main sur le budget et la fiscalité locale (impôts, taxes et contributions territoriales) pour financer le développement du territoire, riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses. L'État conserverait lui les attributs régaliens, comme le drapeau et la monnaie, les relations extérieures, la sécurité et la défense.

Enhardi par la reconnaissance par l'administration américaine de Donald Trump fin 2020 de sa souveraineté sur ce territoire, en contrepartie de la normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a réussi ces dernières années à rallier d'autres pays à sa position.

Plusieurs pays européens soutiennent la position marocaine

En 2022, l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, avait fait volte-face en abandonnant sa neutralité sur le sujet et en jugeant l'initiative marocaine "comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend", réchauffant ainsi des relations tendues avec Rabat. L'Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Belgique ont fait des déclarations similaires la même année.

Aussi, la France "devenait un peu en retard peu en retard par rapport à un autre pays européen", l'Espagne, et "par rapport à la puissance américaine" sur cette question, a estimé le géopolitologue Pascal Boniface dans une vidéo publiée sur sa chaîne YouTube mardi.

"C'est sans doute cela qui a amené Emmanuel Macron à changer de position et donc à se rapprocher très nettement de la position du Maroc", et également une volonté de réchauffer les relations entre les deux pays, a ajouté le fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), un centre de réflexion.

Quitte à refroidir sérieusement les relations entre la France et l'Algérie. Celle-ci a rappelé son ambassadeur à Paris et promis d'autres mesures contre la France après son annonce mardi.

Sophie Cazaux