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Régionales: malgré les pressions, Aubry refuse de se présenter dans le Nord

Emmanuel Macron à Oradour-sur-Glane.

Emmanuel Macron à Oradour-sur-Glane. - Capture BFMTV.

Effrayés à la perspective de perdre la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Matignon et l'état major du PS poussent la maire de Lille à être candidate aux régionales. En vain.

Martine Aubry doit-elle être candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie pour les régionales de décembre? Mieux vaut ne pas en parler à l'ancienne ministre du Travail. Car cette hypothèse l'agace au plus haut point. Elle le redit donc au Monde vendredi: non, elle n'ira pas aux régionales.

Le candidat de la gauche pour les régionales est choisi, il s'agit de Pierre de Saintignon. "Pierre a une vision et la volonté de changer les choses", assure-t-elle. "Je suis connu dans ma région, je suis un élu de terrain face à la colère des habitants", justifie-t-il de son côté sur France Info, convaincu d'être au second tour.

De mauvais sondages pour Saintignon

Mais le candidat, peu médiatique, peine à décoller dans les sondages. Dernier en date, celui d'Odoxa pour BFMTV, crédite la présidente du FN d'un score entre 36 et 37% des suffrages au premier tour, soit 10 à 11 points de plus que le candidat Les Républicains, Xavier Bertrand, crédité de 26%. Le socialiste n'obtiendrait quant à lui que 21% des suffrages. Un score critique qui affole l'état-major du PS, peu désireux de perdre cette région historiquement à gauche.

En septembre, certains élus, dont le ministre de la Ville et des Sports Patrick Kanner, ont donc averti Matignon d'une possible catastrophe, rapporte Europe 1. Dont acte: Manuel Valls a lancé une "opération Aubry" auprès de plusieurs ministres et parlementaires, pour leur demander d'appeler Martine Aubry à ses responsabilités.

Pour cela, ils ne manquent pas d'arguments, et le principal tient en deux lettres: FN. L'ancienne ministre, qui bénéficie d'un poids politique à gauche, serait plus à même de combattre Marine Le Pen, candidate du Front national, que Pierre de Saintignon dans le Nord. "Cette petite musique m'hallucine", avait rétorqué l'intéressée fin septembre. "Plus Valls et Kanner laisseront entendre qu'elle doit y aller, moins elle ira", prévient l'un de ses proches. Le candidat, lui, fustige des conseils "souvent mal fondés, très parisiens" de la part des ministres et les invite à "travailler et avoir des résultats".

Un piège pour Aubry?

Le refus de Martine Aubry semble inébranlable et officiellement, "il ne faut pas l'emmerder". Mais l'ancienne ministre est toutefois cordialement invitée à s'engager davantage dans la campagne de son poulain, pour le symbole. Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis essaierait même de la convaincre d'accepter de prendre la première ou la deuxième place sur la liste, quitte à en laisser la tête à Pierre de Saintignon. Le but de la manœuvre serait au moins d'avoir son nom sur l'affiche, pour la rendre plus "vendeuse", rapporte RTL.

Lundi soir, la question a été soigneusement évitée lors du bureau politique du PS, note Martine Aubry dans Le Monde. Elle sait d'ailleurs très bien que l'ensemble peut se révéler être un piège: car candidate ou non, si la région est perdue par le PS, elle en sera tenue pour responsable.

Ariane Kujawski