"Ripoliner", "Gérad Majax": comment les interprètes en langue des signes ont vécu le débat

Sur les réseaux sociaux, ils sont ressortis comme les véritables vainqueurs du débat de l'entre-deux-tours. Quatre interprètes en langue des signes se sont succédés pendant près de trois heures, pour traduire Emmanuel Macron et Marine Le Pen, lors de leur unique duel télévisé de la campagne présidentielle.
Deux interprètes se sont chargés de traduire le président-candidat, tandis que deux autres étaient assignés à la candidate du Rassemblement national: c'est le cas de Florine Archambeaud. Au micro de BFMTV, cette interprète en LSF (langue des signes française), a témoigné du niveau de préparation que demande un exercice comme celui-ci.
"On a beaucoup appris les programmes des candidats. On a beaucoup travaillé sur les enjeux, ce qu'ils voulaient dire, les décryptages de ce qu'ils attendaient du débat", explique-t-elle.
Des expressions compliquées à traduire
Si quatre interprètes sont apparus à l'écran, un cinquième était en coulisses pour assister ses collègues. Certaines expressions d'Emmanuel Macron, largement relayées depuis le débat, les ont mis en difficulté.
"'Ripoliner la façade': c'est mon collègue qui a traduit, heureusement. Il a vraiment essayé de faire passer toute la prestance d'Emmanuel Macron, qui sort ce mot naturellement", révèle Florine Archambeaud.
Une autre formule employée par le président-candidat a posé problème pour les interprètes. Alors qu'ils s'affrontaient sur le thème du chômage, Emmanuel Macron a lancé: "C'est pas Gérard Majax ce soir madame Le Pen", du nom du magicien, star des années 80.
"'Gérard Majax', c'est mon collègue qui a traduit, donc il a vraiment traduit l'expression d'un 'hop-là', d'un claquement de doigts, c'est magique, ça disparaît", explique l'interprète.
Demande des associations
Depuis quelques années, et notamment lors des points presse réguliers au début de l'épidémie de Covid-19, ou plus récemment, lors de certains meetings politiques, les interprètes en langue des signes apparaissent de plus en plus à l'écran, comme le réclament les associations.
"Ça fait des décennies qu'on secoue tout le monde: les gouvernements successifs, les acteurs en politique. Il y a eu un léger mieux en 2022 par rapport au passé, mais on peut encore mieux faire", estime Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).
Parmi les demandes des associations: la création de journaux télévisés, présentés en langue des signes.