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Présidentielle: pourquoi les candidats adorent se rendre à Rungis

Eric Zemmour au marché de Rungis le 1er avril 2022

Eric Zemmour au marché de Rungis le 1er avril 2022 - Compte Twitter Eric Zemmour

Éric Zemmour a déambulé ce matin dans les allées du plus grand marché d'Europe, comme des dizaines d'autres candidats avant lui. Ce très grand classique des campagnes permet de se montrer au chevet de "la France qui se lève très tôt".

Rungis, les découpes de viande, les étals de légumes, les poissons dans la glace... et ses candidats à la présidentielle. Éric Zemmour a longuement déambulé ce vendredi matin très tôt dans les allées du plus grand marché de produits frais d'Europe, mettant ainsi ses pas dans ceux de ses prédécesseurs.

C'est Jean Royer, alors maire de Tours, qui lança la tradition en 1974. Alors que les vieilles Halles de Paris avaient fermé 5 ans plus tôt, cet ancien ministre du Commerce et de l'Artisanat qui se présentait à la présidentielle flaira le bon coup et déambula des heures pour échanger avec les artisans, sous l'oeil curieux de l'ORTF.

Rungis, "la France qui se lève tôt"

Mais c'est Nicolas Sarkozy qui a donné à Rungis une autre symbolique politique en pleine bataille pour battre Ségolène Royal en 2007.

"Ce matin, je suis venu à Rungis pour la France qui se lève tôt parce que je pense toujours que le problème de la France, c'est le travail. La gauche ne vient pas voir les travailleurs. Moi je veux les voir, je veux être le porte-parole de la France du travail", avait-il alors lancé à des commerçants quelques semaines avant le premier tour.

Pour le candidat qui avait fait du "travailler plus pour gagner plus" l'un de ses slogans, ces milliers de travailleurs qui commencent leur journée en plein milieu de la nuit semblaient incarner toute sa philosophie politique.

Mise en scène aux côtés d'employés aux métiers pénibles

Les images ont manifestement marqué l'esprit des candidats. En 2012 comme en 2017, l'essentiel des candidats vont se plier à la visite de Rungis. Quitte à faire parfois du copier-coller.

"Je pense qu'on peut faire travailler plus en gagnant davantage", avait glissé Emmanuel Macron en avril 2017, dans des accents très sarkozystes.

Il faut préciser que le futur président était alors presque en terrain conquis, après trois visites lors de son passage à Bercy.

Au-delà des belles photos des candidats qui s'envoient un petit noir au zinc et qui rechignent rarement à goûter une tête de veau et des huîtres, Rungis permet aux candidats de défendre "les petits commerçants" contre la grande distribution -pourtant bien présente à Rungis via les centrales d'achat.

Une visite qui fatigue les candidats

La mise en scène permet également de se montrer aux côtés des travailleurs aux métiers souvent pénibles tout en attaquant régulièrement les normes européennes sur lesquels doit s'aligner Rungis.

"C'est une plateforme de toute l'Île-de-France. Ils viennent pour voir 'la France qui se lève tôt', peut-être, mais surtout pour voir des professionnels, des ouvriers, des gens du métier. Ce n'est pas que pour l'image, ils causent beaucoup avec les gens, ils prennent des voix à chaque fois chez les clients, les acheteurs", racontait un commerçant de fromages de brebis dans les colonnes de Libération lors de la campagne de 2017.

Attention cependant à la fatigue pour les candidats.

"Rungis, ça veut dire se lever vers 1 ou 2 heures, marcher pendant plusieurs heures dans le froid glacial, boire et manger beaucoup en pleine nuit... Il faut être en forme pour supporter ça. Ca peut être dur pour des candidats épuisés après des mois de campagne", confiait un membre d'une équipe de campagne en 2017 à France inter.

Mais la possibilité d'envoyer un message qui montre les candidats au contact du terrain reste quasiment du pain béni pour les politiques et tant pis pour les cernes.

Un Rungis discret

Mais cette année, Rungis a semblé hors des radars des candidats, à l'exception d'Éric Zemmour. Mais la donne pourrait changer dans la dernière ligne droite de la campagne.

Alors que les questions environnementales ont été peu présentes dans la campagne, la viande et les étals de Rungis avec ses carcasses pourraient faire de belles images pour marquer les esprits à moins de 10 jours du premier tour. Et pourquoi pas imaginer un Yannick Jadot en train de déambuler parmi les étals des fruits en train de s'opposer à un Fabien Roussel, tenant d'un "bon vin et d'une bonne viande"?

Marie-Pierre Bourgeois