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Présidentielle: Marine Le Pen sommée de s'expliquer sur des chiffres avancés dans sa profession de foi

Une affiche de campagne de Marine Le Pen à Reims le 5 février 2022.

Une affiche de campagne de Marine Le Pen à Reims le 5 février 2022. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La Commission de contrôle de la campagne électorale met en doute deux éléments figurant sur les tracts du second tour de la candidate. Ils concernent l'insécurité et l'immigration.

La candidate du Rassemblement national sommée de revoir sa copie. Chargée d'homologuer les professions de foi pour les élections, la Commission de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) a épinglé deux chiffres avancés dans le document soumis par Marine Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle, comme l'a appris France inter.

Des chiffres non reconnus par le ministère de l'Intérieur

Les deux éléments pointés du doigt par la CNCCEP s'inscrivent dans des thèmes clef de la campagne de Marine Le Pen, à savoir l'insécurité et l'immigration. Dans le document consulté par la Commission, la candidate du Rassemblement national indique que durant le quinquennat d'Emmanuel Macron, il y a eu "+31% d'agressions volontaires depuis 2017", et "1,5 million d'immigrés supplémentaires entrés légalement en France depuis 2017".

Le Rassemblement national assure que ces éléments proviennent du ministère de l'Intérieur. Sauf que ce dernier, contacté par France inter, ne les reconnaît pas.

"Ce ne se sont pas nos statistiques, mais un regroupement de chiffres que l'on pourrait qualifier de très hasardeux", indique-t-on Place Beauveau.

"Ce sont des éléments que nous n'arrivons pas à corroborer", ajoute la CNCCEP. La commission précise néanmoins que "nous demandons régulièrement des précisions de ce type. Cela a été le cas pour plusieurs candidats avant le premier tour".

L'instance contrôle également la manière dont les candidats mènent leur campagne. Le 11 mars, elle avait envoyé un avertissement à Emmanuel Macron concernant l'emploi de son compte Twitter à 8 millions d'abonnés pour relayer des messages sur l'élection. L'équipe du président-candidat avait été obligée d'y supprimer les messages incriminés.

Contactée par BFMTV, l'équipe de campagne de Marine Le Pen souligne que le tract "n'a pas été retoqué", mais évoque plutôt une phase de "discussion contradictoire" avec la CNCCEP. Une rencontre doit avoir lieu ce mercredi après-midi ou jeudi matin entre le directeur de campagne de Marine Le Pen et la commission. Quant à l'agrégation de chiffres jugée "hasardeuse" par le ministère, l'équipe de la candidate d'extrême droite assure que "ça revient au même".

Des chiffres déjà présents dans le tract du premier tour

Au Rassemblement national, l'idée de ne pas voir les professions de foi de Marine Le Pen homologuées poserait un problème technique, étant donné que les copies comportant les chiffres pointés du doigt "sont déjà chez l'imprimeur", indique à France inter un cadre du parti.

Le RN reste néanmoins sûr de ses données. "Nos sources sont sûres, nous les avons déjà transmises à plusieurs reprises à la commission", glisse un cadre. Et précise: "Ces chiffres figuraient déjà sur la profession de foi du 1er tour".

En précisant, auprès de BFMTV, que contrairement au tract du premier tour, les équipes de la candidate ont cette fois ajouté la source "ministère de l'Intérieur" sur le document.

Consultée par BFMTV.com, la profession de foi de Marine Le Pen distribuée lors du premier tour de l'élection présidentielle comportait en effet les deux chiffres aujourd'hui pointés du doigt par la CNCCEP. À la dernière page du document, on pouvait lire ces deux indications: "En ville comme à la campagne (...) +31% d'agressions volontaires depuis 2017!", ainsi que "1,5 million d'immigrés supplémentaires sont entrés légalement en France depuis 2017".

L'entourage de Marine Le Pen dénonce "une histoire abracadabrantesque pour nous faire perdre du temps". En visite ce matin à Gennevilliers, la candidate a de son côté indiqué: "On a donné le lien du ministère de l'Intérieur. Je veux bien que le ministère conteste ses propres chiffres, mais attention à ce type de manœuvre, à respecter la démocratie".

Loïc Besson, avec Jules Fresard