Présidentielle: le soutien de Nicolas Sarkozy, bonne nouvelle ou boulet pour Emmanuel Macron?

Le soutien de l'ancien président au candidat pourrait être à double tranchant. Encore très apprécié des électeurs de droite, il peut avoir un effet répulsif sur les électeurs de gauche que tente désormais de séduire la macronie.

Après le soutien de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron pour le second tour, le président sortant s'est réjoui de ce soutien. Son prédécesseur qui reste très populaire sur les bancs de la droite pourrait cependant agir comme un repoussoir sur les bancs de la gauche.

"Je le remercie de sa confiance et de son soutien. C'est le plus important. Cela m'honore et cela m'oblige. Maintenant, il faut rassembler très largement", a avancé Emmanuel Macron au micro de BFMTV lors de son déplacement à Mulhouse ce mardi après-midi.

Un ancien président toujours apprécié à droite

Après des mois de silence et des mots très durs à l'encontre de Valérie Pécresse en privé, l'ancien président s'est fendu d'un long post sur Facebook. "Je voterai pour Emmanuel Macron", a-t-il expliqué, en citant "la fidélité aux valeurs de la droite républicaine" et son engagement européen "clair et sans ambiguïté".

Nicolas Sarkozy reste très apprécié sur les bancs de la droite, à en juger ses scores dans les librairies. Le temps des tempêtes, son ouvrage sorti en 2020, s'est vendu à plus de 241.000 exemplaires.

Sa tournée promotionnelle, à l'automne dernier pour son livre Promenades, a également eu un certain succès, malgré des ventes décevantes. Alors que 76% des électeurs d'Éric Zemmour, souvent issus d'anciens électeurs de François Fillon en 2017, envisagent de voter Marine Le Pen à 76% d'après un sondage IFOP, la sortie du bois de l'ancien patron des LR pourrait compter dans la balance. 36% des électeurs de Valérie Pécresse pensent également à voter pour le RN au second tour.

Le soutien de Sarkozy "peut débloquer des voix" pour Le Pen

Le diagnostic laisse cependant dubitatif du côté de Reconquête.

"Il n'a pas laissé que de bons souvenirs à droite, notamment sur la baisse du nombre de policiers. Peut-être bien que, chez certains, ça peut compter mais moi je crois qu'au contraire, ça montre bien qu'Emmanuel Macron va continuer tout ce qui a déjà été mal fait ces 40 dernières années", lâche un membre de la campagne d'Éric Zemmour à BFMTV.com.

Marine Le Pen y voit, elle, même un argument pour motiver les électeurs à voter pour elle.

"Je me demande si je vais pas finir par faire des affiches parce que rien que Nicolas Sarkozy qui appelle à voter pour Emmanuel Macron, ça peut débloquer des voix pour moi", a d'ailleurs fait remarquer de façon ironique Marine Le Pen ce mardi après-midi lors d'une conférence de presse

"Répulsif" à gauche

Autre caillou dans la chaussure pour Emmanuel Macron après ce soutien: les électeurs de gauche, qui rejettent massivement Nicolas Sarkozy.

"Faut faire gaffe à l’effet répulsif qu’il peut susciter à gauche", a d'ailleurs jugé un ministre ce mardi matin auprès de France inter.

Emmanuel Macron tente pourtant depuis dimanche soir de séduire les 21,95% des électeurs qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon.

En visite dans le Nord et le Pas-de-Calais ce lundi, il s'était dit prêt à ajouter des mesures sur l'écologie, le travail ou le pouvoir d'achat. Il avait également montré des signes d'ouverture sur la réforme des retraites, promettant de prendre en compte "l'angoisse des Français", au micro de BFMTV, puis allant jusqu'à laisser entendre que les bornes de l'âge de départ à la retraite pouvaient "bouger".

Marie-Pierre Bourgeois