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Présidentielle: la majorité des candidats ne donneront pas de consignes de vote pour le second tour

Des affiches de candidats à l'élection présidentielle, le 7 avril 2022 à Paris.

Des affiches de candidats à l'élection présidentielle, le 7 avril 2022 à Paris. - Emmanuel Dunand

Alors que le premier tour du scrutin présidentiel se tient ce dimanche, plusieurs candidats ont fait savoir qu'ils n'appelleraient pas à voter explicitement pour un ou une candidate en cas de non-qualification au second tour.

Ils sont neuf. À deux jours du scrutin, neuf candidats sur les douze prétendants à la magistrature suprême prévoient de ne pas donner explicitement de consigne de vote pour le second tour de l'élection présidentielle.

• Pas de consigne de vote pour Pécresse

Dernière candidate à avoir pris la parole sur ce sujet: Valérie Pécresse. La candidate des Républicains a annoncé ce vendredi matin qu'elle n'inviterait pas ses électeurs à voter pour un candidat en particulier si elle n'est pas qualifiée pour le second tour.

"Si je ne suis pas au deuxième tour, je ne donnerai jamais de consigne de vote. Je pense que les Français ne veulent pas de consigne. Je dirai pour qui je vote mais je ne donnerai pas de consigne", a-t-elle déclaré sur France Inter.

Comme une réponse à Éric Zemmour, qui l'avait surnommée "20h02", en référence à l'heure à laquelle elle appellerait à voter pour Emmanuel Macron. Au sein de sa famille politique, on s'attend à un "schisme" dès le soir des résultats du premier tour, "entre ceux qui vont appeler à voter contre Le Pen, et ceux qui vont s’abstenir". 

"Les militants ont déjà fait leur choix. Il y a ceux qui voteront Macron, avec les têtes d'affiches des Républicains côté Sarkozy [..] et une autre partie qui va filer vers l’extrême droite, avec les Ciotti, Retailleau, Wauquiez... Et les militants suivront, en deux camps. Ce sera la fin des LR", pronostique un baron du parti.

• Aucune consigne chez les zemmouristes, ou presque

Il affirme qu'il sera au second tour, et dans le même temps assure qu'il n'appellera pas à voter pour Emmanuel Macron si ce dernier est qualifié. Éric Zemmour, distancé dans les sondages, laisse volontairement planer un doute sur une éventuelle consigne pour le second tour.

Certains de ses proches expliquent néanmoins à BFMTV qu'il ne peut appeler à voter pour Marine Le Pen, une "souverainiste de gauche", une "socialiste économique", comme aime à la qualifier le camp Zemmour. Une des figures de Reconquête pourtant, Marion Maréchal, a déjà fait connaître ses intentions: elle votera pour sa tante si elle est face à Emmanuel Macron.

L'ex-députée du Front national votera "sans hésitation" pour Marine Le Pen mais ajoute: "je ne préjuge pas de ce que sera la position d'Éric Zemmour ou du mouvement. Ce sera aussi à elle (Marine Le Pen, NDLR) d'indiquer si elle compte oeuvrer au rassemblement". 

• Une consultation pour les sympathisants de Mélenchon

Son ambiguïté le soir du premier tour en 2017 a laissé des traces. Jean-Luc Mélenchon a cette fois-ci d'ores et déjà prévu un paratonnerre démocratique en cas de non-qualification au second tour: le candidat de la France insoumise prévoit de consulter en ligne les 310.000 sympathisants ayant parrainé sa candidature.

"Le soir du premier tour, on leur demandera ce que l’on fait pour le deuxième tour", a expliqué Jean-Luc Mélenchon, jugeant que "les consignes de vote n'ont plus de sens. Je ne me donne pas un droit que je n'ai pas. Ce n'est vraiment pas une bonne idée pour moi d'appeler à voter pour des gens que je combats continuellement", a-t-il développé.

• Fabien Roussel ne veut pas un vote pour l'extrême droite

Pas de consultation au sein du Parti communiste mais une consigne claire de leur candidat en cas de présence de Marine Le Pen ou d'Éric Zemmour au second tour.

"Jamais nous ne laisserons l'extrême droite arriver au pouvoir en France. Nous voulons faire reculer l'extrême droite", a fait savoir Fabien Roussel, adressant une pique au passage à Jean-Luc Mélenchon. "Je ferai tout pour empêcher l'extrême droite de prendre le pouvoir et c'est certainement une grande différence que j’ai avec d’autres à gauche", a-t-il poursuivi, "quand on vote pour moi au premier tour, on sait ce que ce vote va devenir au second tour. Il n’y a pas de surprise."

• Les écologistes rangés derrière le front républicain

Yannick Jadot le souligne: "les écologistes n'ont jamais hésité à construire des fronts républicains contre l'extrême droite". Celui qui s'était rangé en 2017 derrière la candidature de Benoît Hamon avait dénoncé à l'époque "l'irresponsabilité politique" de Jean-Luc Mélenchon, qui refusait d'appeler explicitement à voter pour Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen.

"Les écologistes n'ont jamais eu aucune ambigüité vis-à-vis de l'extrême droite et si (Marine Le Pen était qualifiée pour le second tour, NDLR), nous n'aurions aucune ambigüité", a déclaré Jadot en déplacement ce vendredi. "Dans le vote écologiste, il n'y a pas d'ambigüité sur Marine Le Pen, ce qui n'est pas le cas de tout le monde."

• Le Parti socialiste "appellera à voter Macron"

Même son de cloche chez les socialistes. Anne Hidalgo, qui clôt une campagne difficile pour le parti à la rose, a déjà assuré qu'elle appellerait "à faire barrage à l'extrême droite. C'est ma boussole, je le ferai." 

Des propos pas suffisamment clairs pour le Parti socialiste, qui a souhaité que la prise de position soit plus explicite. Lors d'un dîner au Sénat mercredi soir, les parlementaires ont adopté une position commune pour l'entre-deux tours.

"On appellera à voter Macron, pas à faire barrage", a assuré Patrick Kanner, actant déjà la qualification du président sortant au second tour.

• Pas de consigne de vote de Philippe Poutou

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste a fait connaître lui aussi ses intentions, et celle de sa formation politique.

"On ne choisira pas, après on n'est pas dans une histoire de consignes. Mais on comprend qu'au second tour, des gens aient envie de voter contre Le Pen", a simplement déclaré Philippe Poutou.

Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan et Nathalie Arthaud n'ont pas fait connaître leurs consignes ou non-consignes de vote pour le second de cette élection. En 2017, Nicolas Dupont-Aignan avait appelé à voter pour Marine Le Pen, qui l'avait choisi comme Premier ministre en cas de victoire. Les autres candidats avaient quant à eux appelé à voter blanc.

Enfin, la République en marche et le Rassemblement national n'ont pas répondu à cette question posée pourtant par plusieurs médias au cours de cette campagne, sans doute confiants dans la qualification de leur candidat respectif au second tour de l'élection.

Anne Saurat-Dubois avec Hugues Garnier