"On redécouvre le trac": les confidences de Christophe Jakubyszyn, présentateur du débat présidentiel de 2017

Match retour. Diffusé en direct ce mercredi à partir de 21 heures, depuis le studio 5 du Lendit, à La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le débat de l'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen sera animé par la journaliste politique de France 2, Léa Salamé, et par le titulaire du 20 Heures de TF1, Gilles Bouleau.
S'il a beaucoup été question des acteurs de ce débat, quid des arbitres? Comment se préparent-ils?
"L'enjeu est énorme, on dort mal, on redécouvre le trac", explique Christophe Jakubyszyn, co-animateur avec Nathalie Saint-Cricq de la joute oratoire de 2017.
Pression des entourages
Il y a cinq ans, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés devant près de 16,4 millions de téléspectateurs dans un débat retransmis sur six chaînes de télévision. La pression est énorme, et les entourages des candidats ne se gênent pas pour l'entretenir. Ainsi, Christophe Jakubyszyn se souvient:
"Les entourages font pression, mais en tant que journaliste on est préservé car les directions d'information des chaînes font barrage. Pour cette année, Gilles Bouleau a été appelé"
Cette pression des entourages se fait notamment ressentir dans le choix des thématiques qui doivent être abordées au cours de la soirée. Si en 2017 un accord à l'amiable avait été trouvé entre le candidat La République en Marche et la candidate du Front national, cette année, il a fallu tirer au sort. En effet, Marine Le Pen voulait commencer par la pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, contrairement à Emmanuel Macron, rappelle Christophe Jakubyszyn.
Au-delà de ça, "la pression c'est un tout. C'est la température du studio, la distance entre les deux candidats, l'ordre des sujets", affirme l'animateur de BFM Business.
Une ambiance particulière avant et après les hostilités
L'ambiance quelques secondes avant le lancement de la soirée apparaît particulière. Christophe Jakubyszyn la qualifie même d'"atroce".
"Le plateau est évacué cinq minutes avant le début. On se retrouve entre présentateurs avec les deux protagonistes dans un silence de mort. Je me souviens avoir évoqué la couleur champagne du décor de 2017 pour casser le silence. Les candidats m'ont regardé sans rien dire", se souvient-il, presque honteux.
Et après le débat, le retour à la normale se fait de manière assez brutale.
"Les candidats s’envolent littéralement. Ils rejoignent leur équipe de campagne, leurs fans. Ils se disent à peine au revoir. On ne debriefe pas avec eux, en 30 secondes ils disparaissent du plateau".
Des règles bien définies depuis 1974
C'est en 1974 qu'est organisé le premier débat opposant les deux candidats présents au second tour de la présidentielle. Depuis cette date, le débat de l'entre-deux-tours constitue un rite républicain régit par ses propres codes.
"Beaucoup de choses sont définies par les 21 règles de 1974. Parmi lesquelles, 'on ne relance pas', 'on n’appelle pas les deux candidats', 'on laisse les deux débatteurs argumenter entre eux'..."
Ce débat, qui s'annonce d'ores et déjà studieux, aura pour principal défi de convaincre les Français de le regarder. Car en 2017, l'entre-deux tours a connu sa pire audience sous la Ve République depuis le début de l'exercice.