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Marine Le Pen, à Moscou, va-t-elle rencontrer Vladimir Poutine?

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Marine Le Pen a rencontré Vladimir Poutine ce vendredi à Moscou. Officiellement, la candidate d'extrême droite à la présidentielle devait participer aux travaux de la commission des Affaires étrangères de la Douma. Officieusement, les objectifs étaient plus grands.

La candidate d'extrême droite à la présidentielle tente d'esquisser une carrure internationale. Après la Trump Tower à New York - mais sans avoir croisé Donald Trump - après sa rencontre à Beyrouth avec le chef d'État libanais et après un voyage au Tchad où elle a été reçue par le président et le Parlement à N'Djamena, Marine Le Pen était attendue ce vendredi à Moscou. Et a rencontré Vladimir Poutine. "Vous verrez bien", avait éludé l'un de ses proches pour Le Parisien qui refusait de préciser si la présidente du FN serait reçue par l'homme fort du Kremlin.

"La question n'est pas de savoir si, mais quand"

Selon le quotidien, son équipe tentait depuis plusieurs mois de décrocher un rendez-vous avec le président russe. "La question n'est pas de savoir si elle va rencontrer Poutine, mais quand", confiait un membre de son équipe au quotidien au mois de septembre. D'ailleurs, la candidate n'a jamais caché ses positions pro-Russes, comme lors de l'annexion de la Crimée, prônant également un rapprochement avec Vladimir Poutine. 

Marine Le Pen s'est par ailleurs montrée opposée aux sanctions politiques et économiques "totalement stupides" prises par l'Union européenne à la suite du conflit ukrainien. Des liens avec la Russie que le parti d'extrême droite entretient: en 2014, un député et vice-président de la Douma avait été invité par le FN lors d'un congrès organisé à Lyon, se rappelle France 24.

Officiellement, la présidente du Front National devait participer aux travaux de la commission des Affaires étrangères de la Douma, la chambre basse du Parlement, puis rencontrer son président, a indiqué un porte-parole de l'Assemblée. Le président de cette commission avait précisé aux agences russes que Marine Le Pen se rendait en Russie à son "invitation personnelle". Sa visite devait porter notamment sur "la lutte contre le terrorisme et les questions liées à la coopération franco-russe", selon lui.

"Cela donne à Marine Le Pen une dimension internationale"

Officieusement, l'objectif est aussi d'endosser un costume de leader international.

"Les voyages à l'étranger font partie du parcours normal d'un candidat en campagne, a souligné pour Le Parisien Philippe Olivier, chargé de la cellule idée et image. Cela donne à Marine Le Pen une dimension internationale, et montre qu'elle est une personnalité respectée, capable de parler pour la France."

Mais pour Bruno Cautrès, politologue et chercheur CNRS, ce coup de communication n'est pas forcément réussi. "Le thème de la politique russe de la France a fait une entrée dans cette campagne, ça n'était jamais arrivé, mais ce n'est pas comme ça qu'elle peut crédibiliser sa stature de chef d'État, analyse-t-il pour BFMTV.com. Elle serait reçue par Angela Merkel, là ce serait spectaculaire."

Marine Le Pen pourrait-elle aussi en profiter pour trouver en Russie des financements qui lui font défaut? Une banque privée russe, qui a depuis fait faillite, avait prêté en 2014 9 millions d'euros au FN, suscitant des soupçons de volonté du Kremlin de soutenir le parti de Marine Le Pen. Le parti d'extrême droite avait alors expliqué que les banques françaises avaient refusé de lui prêter de l'argent.

L'objectif de ce voyage pour Marine Le Pen, estime Bruno Cautrès, c'est de "faire passer le message qu'elle est reconnue à l'étranger, qu'elle est une candidate en rupture, un thème important du FN dans la dénonciation du système. Mais les électeurs ne sont pas très sensibles à ce genre de visites". 

Céline Hussonnois-Alaya avec Charlie Vandekerkhove