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Elections Municipales 2026

Hidalgo, Dati, En Marche: la bataille pour la mairie de Paris déjà lancée

L'Hôtel de Ville de Paris

L'Hôtel de Ville de Paris - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Si Anne Hidalgo n'est qu'à mi-chemin de son premier mandat à tête de la capitale, beaucoup de monde s'active déjà en coulisses pour tenter de la détrôner. Mais de son côté, l'élue socialiste se retrouve contrainte de ménager la chèvre et le chou, d'autant plus qu'elle envisagerait une candidature à la présidentielle de 2022.

Pour conquérir "la plus belle ville du monde", il faut savoir se lever tôt. Qu'importe, par ailleurs, si le doute subsiste encore sur la date des prochaines municipales, qui pourraient être décalées de 2020 à 2021. Nous sommes en 2017, et la nouvelle bataille électorale pour Paris est déjà lancée.

Mais pourquoi un tel empressement, alors que Anne Hidalgo est à peine à mi-mandat? Et qui sont les prétendants à avoir déjà avancé leurs pions en direction de l'Hôtel de Ville? Nous faisons le point.

Une rentrée compliquée pour la maire de Paris

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la maire de Paris a connu une rentrée pour le moins exposée. Entre la création d'une piste cyclable sur la voie Georges-Pompidou qui déchaîne les passions entre automobilistes et cyclistes, ainsi que la sortie du livre Notre-Drame de Paris où le bilan de la mairie est violemment contesté, l'édile apparaît plus clivante que jamais. Si d'aucuns la défendent ardemment, d'autres rêvent déjà de la bouter hors de l'Hôtel de Ville.

Parmi eux: le "lobby automobile", ainsi nommé dans L'Obs de cette semaine, qui n'encaisse pas la politique d'Anne Hidalgo en matière de circulation et de lutte contre la pollution. Entre la fin du diesel dans la capitale annoncée pour 2024, et celle des voitures à essence espérée pour 2030, les choses sont claires pour les constructeurs: l'élue parisienne est une cible à abattre. Ou plutôt, à faire battre.

Ainsi, croit savoir l'hebdomadaire, le PDG de PSA Carlos Tavares, qui n'a jamais été tendre avec la maire de Paris, l'aurait même menacée en lui demandant d'infléchir sa politique sur les moteurs au gazole. Sous peine de l'accuser "d'être responsable de la baisse de l'emploi" dans son secteur. Et d'appeler à la faire perdre aux prochaines élections.

Macron souhaiterait "étouffer" Hidalgo

Remporter la mairie de Paris, c'est posséder un pouvoir politique à part, en France comme à l'international. Si Emmanuel Macron le savait déjà, Anne Hidalgo lui a vivement rappelé dès le jour de son investiture. Invité, comme c'est de tradition, dans les salons de l'Hôtel de Ville pour ses premiers pas en tant que Président, l'élue de la capitale lui avait réservé un discours pour le moins étonnant:

"Paris sera libre et attaché à avoir les moyens qui lui permettent de tenir démocratiquement les engagements pris face aux Parisiens", avait-elle notamment prévenu, marquant d'entrée de jeu sa différence et sa défiance face au nouveau locataire de l'Elysée. Un cran de plus était atteint dans les tensions entre les deux personnages, nées trois ans plus tôt autour de la question du travail du dimanche dans la capitale.

Échaudé par cet épisode et les mois de relations compliquées qui l'ont précédé, le chef de l'Etat compterait bien "étouffer Hidalgo", selon les indiscrétions d'un de ses proches relayées dans Le Parisien ce vendredi. Reste à savoir qui pourrait défendre les couleurs de La République en marche (LaREM) le moment venu. Longtemps évoqué, Benjamin Griveaux n'aurait plus les faveurs de son chef de file et pourrait voir le député parisien Hugues Renson être choisi à sa place.

Le numéro d'équilibriste d'Hidalgo

Si l'élue parisienne ne fait pas de mystère autour de sa candidature à sa propre réélection, ses ambitions élyséennes sont présentées comme un secret de Polichinelle par ses proches. D'abord fervente opposante au président de la République, dont elle n'avait "rien à battre" quand il était encore ministre de l'Economie en mai 2016, Anne Hidalgo se doit désormais de modérer ses critiques à son égard.

D'un côté, il y a l'organisation des Jeux Olympiques de 2024, pour laquelle l'édile devra nécessairement compter sur Emmanuel Macron. De l'autre, elle doit composer avec la montée en puissance de La République en marche dans la capitale, tout en soignant sa gauche, les communistes notamment, qui estiment que Paris n'est pas "Macroncompatible". En résulte, pour l'heure, une équipe municipale remaniée.

Anne Hidalgo devra également composer avec le Parti socialiste, dont elle est toujours membre: ce dernier a décidé de se positionner très clairement dans l'opposition à Emmanuel Macron. Que ce soit pour terminer son premier mandat, tenter d'être réélue, et éventuellement viser une candidature pour la présidentielle de 2022, la maire de Paris va devoir s'adonner à un sacré numéro d'équilibriste.

Dati, Bournazel, NKM à droite?

Célèbre pour ses guerres intestines à chaque échéance électorale d'importance, la droite parisienne arrivera-t-elle, ce coup-ci, à se montrer unie derrière un candidat ou une candidate? Pour l'heure, deux noms sortent du lot: Pierre-Yves Bournazel, élu en juin député de la 18e circonscription, et Rachida Dati, déjà maire du VIIe arrondissement, qui considère cette élection comme "le mandat de rêve". "Paris, si j'y vais, je gagne", aurait-elle lâché, toujours au Parisien, ce vendredi.

Reste l'énigme de NKM: défaite en 2014 face à Hidalgo et candidate malheureuse des dernières législatives, elle se donnerait actuellement "le temps de la réflexion".

Jérémy Maccaud