EDITO - Macron a raison de "ne pas surjouer le drame national"
Après l'attaque au couteau de samedi à Paris, perpétrée par un individu "fiché S", notre éditorialiste Christophe Barbier estime qu'il est normal que l'exécutif soit interpellé politiquement, mais que le sommet de l'Etat doit prendre garde à ne pas offrir de "victoire symbolique" à Daesh.

> "Ne pas en faire trop"
"La sécurité, ça relève de l’exécutif, la lutte antiterroriste, monter la garde, hausser la garde, riposter, ça relève de l’exécutif, donc interpeller l'exécutif est légitime. On voit bien qu’on a affaire à de nouveaux dangers: ces fameux ‘fichés S’ pas si dangereux que ça sur le papier, et qui passent à l’acte. Comment on s’organise pour lutter contre ce nouveau danger? C’est à l’exécutif de répondre.
Hiérarchie
Cependant, à quoi ça aurait servi que Macron se précipite dans un avion pour revenir samedi soir? Il faut faire attention aux signaux qu’on envoie, parce que surjouer le drame national, c’est quelque part donner une victoire symbolique à Daesh, qui peut dire, ‘Voyez, on a véritablement terrorisé, puisque tout l’exécutif de la France s’est mis en branle-bas de combat.’
Sans tomber dans l’indifférence, sans tomber dans le cynisme, il faut faire la différence entre le Bataclan, où il y a une tragédie monumentale avec une organisation très complexe et des dégâts humains incommensurables, et puis une tragédie comme celle de samedi soir. De ce côté-là, l’exécutif doit positionner sa réponse pour que sur le registre émotionnel, on n’en fasse pas trop. Vu du niveau de l’Etat, il faut savoir hiérarchiser les choses. Il faut être dans la compassion, dans la réaction, mais jamais dans la récupération.
Filet