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EDITO - Macron à quitte ou double

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"Il va y avoir un temps présidentiel puis il y aura un temps gouvernemental, tous les ministres vont s’emparer des annonces dans leurs domaines", estime Christophe Barbier.

Après avoir fait monter les attentes, Emmanuel Macron dévoile ce lundi soir aux Français ses réponses au grand débat et à la crise des gilets jaunes, avec l'obligation de convaincre pour ne pas compromettre la suite de sa présidence.

D'autant que le chef de l'Etat joue gros aussi au niveau international, face aux défis comme le Brexit, les élections européennes de mai ou encore l'ouverture de négociations commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis.

Il annoncera à 20 heures à la télévision "les chantiers d'action prioritaires et les premières mesures concrètes", a fait savoir l'Elysée dimanche soir. Pour nos éditorialistes, il s'agit d'un moment crucial du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Le baromètre des éditorialistes: qu'attendre de l'allocution d’Emmanuel Macron?
Le baromètre des éditorialistes: qu'attendre de l'allocution d’Emmanuel Macron? © BFMTV

"Il s’agit d’un exercice assez classique, mais c’est leur rapprochement qui est inédit. Il y a d’abord une allocution, on laisse mijoter quelques jours et après on entre dans le détail, on répond aux questions, on entre dans le concret, c’est beaucoup plus rare. Attention, les conférences de presse il y en a eu beaucoup dans l’Histoire de la Ve République, cela peut être formidable, historique, comme cela peut tourner au détriment du président de la République. On se souvient de celle de De Gaulle, 'ce n’est pas à 67 ans que je vais commencer une carrière de dictateur' alors qu’il n’était même pas président à ce moment-là, jusqu’à celle où il y a le dérapage sur 'le peuple juif sûr de soi et dominateur' en 1967.

On se souvient de Pompidou qui annonce la dévaluation en 1969, mais qui parle également de l'affaire Gabrielle Russier, cette professeure qui s'est donné la mort après une histoire d’amour avec un de ses élèves, il cite Eluard, et ça, c’est resté dans les mémoires. On pourrait parler de Jacques Chirac, qui annonce la reprise des essais nucléaires dans une conférence de presse. On peut aussi parler de Nicolas Sarkozy qui nous dit 'entre Carla et moi c’est du sérieux.' Il peut y avoir le plus historique, le plus politique, mais aussi le plus anecdotique, le plus médiatique et c’est compliqué à gérer. A l’époque de De Gaulle et Pompidou on distribuait les questions aux journalistes, maintenant ça a un peu changé.

C’est un moment nécessaire de jupitérisation en tout cas de verticalisation. La président a fait son tour de France, là il revient à domicile, il a réfléchi dans son Palais, et il va dire non seulement ce qui va changer, mais ce qui a changé, ce qu’il a changé lui. Je vous ai vus, je vous ai écoutés, j’ai compris, je vous ai compris, voilà le message qu’il doit passer. Et ce message-là passe mieux si le président ne refait pas un exercice de démagogie en allant sur le terrain, mais s’il parle avec toute la force de la République derrière lui. Encore une fois attention, s’il se rate, cela se retourne violemment contre lui, mais s’il réussit, c’est une bonne manière de clore le débat, non pas d’y mettre le point final mais le point d’orgue.

Il va y avoir un temps présidentiel puis il y aura un temps gouvernemental, tous les ministres vont s’emparer des annonces dans leurs domaines, certains vont les découvrir. Il y a eu une réunion préparatoire à l’Elysée, ils vont devoir en quelques semaines dire comment ils vont faire pour obéir au président et amorce l’acte II du quinquennat après les européennes. Ensuite, il y aura deux possibilités afin de redonner de l’élan: soit changer le gouvernement, éventuellement le Premier ministre, après un scrutin c’est légitime, soit réunir le congrès comme il le fait chaque année, et là, tout le monde sur le champ de bataille."

Le baromètre des éditorialistes: quels sont les enjeux des deux allocutions d’Emmanuel Macron?
Le baromètre des éditorialistes: quels sont les enjeux des deux allocutions d’Emmanuel Macron? © BFMTV

"Il (Emmanuel Macron, NDLR) a dit à ses ministres ce qu’il allait annoncer, ce ne sont pas des derniers arbitrages, les mesures sont prêtes, il leur a dit dans le détail ce qu’il allait dire concrètement aux Français et il leur a aussi dit ce qu’il attendait d’eux. Il attend d’eux qu’ils fassent le service après-vente et que tout se passe sans couac, sans cafouillage. Souvenez-vous ce qui s’était passé le 10 décembre, personne n’était capable d’expliquer ce que voulait dire une augmentation de 100 euros du Smic, ce qu’était la prime d’activité, tout cela était extrêmement compliqué.

Toutes ces mesures devront être appliquées par l’administration, il attend des ministres qu’ils fassent pression sur l’administration. Quand Edouard Philippe a rendu les conclusions du grand débat, il y avait dans la salle les dirigeants de toutes les grandes administrations françaises pour qu’ils commencent à écouter la petite musique. Les ministres vont porter la bonne parole dans toute la France et expliquer quelle sera la deuxième partie du quinquennat, ce sera une feuille de route pour les années à venir."

Hugo Septier