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EDITO - "Il était temps que l'exécutif tape du poing sur la table"

Edouard Philippe - baromètre des éditorialistes

Edouard Philippe - baromètre des éditorialistes - BFMTV

Pour nos éditorialistes Christophe Barbier et Laurent Neumann, les mesures risquent "d'attiser la haine". Il est urgent que le gouvernement pense "à une sortie de crise politique".

Lundi soir, Édouard Philippe a durci le ton contre les casseurs qui se joignent à la mobilisation des gilets jaunes depuis près de deux mois. Une réponse de fermeté jugée "inefficace" et "insuffisante", face à une réponse politique qui fait, elle encore défaut, selon les éditorialistes de BFMTV.

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Pour Christophe Barbier, cette réponse avec "du policier à court terme et de la loi à long terme" manque d'efficacité:

"Dire que ceux qui participent à des manifestations non autorisées seront poursuivis, ce n’est pas simple. Aller arrêter 30.000 personnes ou les retrouver après avec les images de vidéosurveillance, cela me semble inefficace, pas raisonnable et pas pratique. Sanctionner les personnes qui viennent cagoulées peut être efficace s’il y a les moyens policiers d’aller les chercher dans la manifestation et de les exfiltrer afin de pouvoir les poursuivre." 

En revanche, d'autres mesures sont saluées par Christophe Barbier, dont celle de la création d'un fichier anticasseur:

"Les deux autres mesures me semblent plus efficaces. Rendre les casseurs civilement responsables, c’est-à-dire sur leur argent, des dégâts qu’ils auront causés. Cela leur mènera à la ruine lorsqu'on voit le chiffrage des dégâts chaque week-end. Une dernière mesure qui, elle, a prouvé son efficacité, est celle du fichier anticasseur. Elle permet, une fois qu’une personne s’est livrée à de la casse de l’éliminer le jour des manifestations, en l’obligeant soit à rester chez lui soit à pointer au commissariat le jour de la mobilisation."

Mais d'après notre éditorialiste, "le temps du débat juridique et d’application législative" ne joue pas en faveur du gouvernement. In fine, ces mesures risquent donc avant tout "d’attiser la haine" d'une partie des gilets jaunes.

Laurent Neumann
Laurent Neumann © BFMTV

Pour Laurent Neumann, qui rappelle que “le maintien de l’ordre relève de l'exécutif”, les annonces d’Édouard Philippe étaient “nécessaires” et “urgentes”. "Il était temps que l'exécutif tape du poing sur la table", assure-t-il. Mais l’éditorialiste de BFMTV regrette également une réponse qui n'est pas à la hauteur:

“Il faut d’abord penser à une sortie de crise politique. La réponse sécuritaire n’est évidemment pas suffisante. Cette sortie de crise passe par la réussite de ce grand débat. Le gouvernement et les oppositions n’ont pas le choix. Cette réussite passe également par la traduction politique à l’issue de ce débat avec des lois concrètes qui s’appliquent dans le quotidien des Français."

Laurent Neumann estime par ailleurs que les gilets jaunes doivent désormais change de stratégie:

"Les vrais gilets jaunes, ceux qui ont des revendications légitimes, pacifiques, doivent désormais prendre leurs distances avec les casseurs et ceux qui veulent l’insurrection. Ce qui a déjà commencé avec Jacqueline Mouraud, qui a décidé de lancer son parti pour participer à ce grand débat et peut-être demain à des élections."
Christophe Barbier et Laurent Neumann