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Ecoute de Sarkozy, pourquoi Taubira a menti ?

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Selon le Canard enchaîné, C. Taubira est informée de l’existence des écoutes sur Ni. Sarkozy depuis le 26 février, alors qu’elle a prétendu l’ignorer. On a écouté Sarkozy, on aimerait entendre Taubira, qui pour Hervé Gattegno, a menti.

JM Ayrault l’a dit: le gouvernement savait que N. Sarkozy était sur écoutes – au plus tard le 26/02, quand le juge d’instruction a demandé des poursuites contre N. Sarkozy et son avocat. Donc quand C. Taubira a dit qu’elle ignorait tout de ces écoutes, elle a menti. Il faut se demander pourquoi. Et aussi pourquoi elle a besoin d’être informée d’aussi près sur des enquêtes dans lesquelles elle jure (comme ses prédécesseurs) qu’elle n’intervient pas. Tout cela accrédite la suspicion. Donc il y a une affaire judiciaire qui vise N. Sarkozy ; et une affaire politique qui embarrasse le gouvernement.

Qu'est-ce que ça change sur le fond de l'affaire que C. Taubira ait su ou non que N. Sarkozy était sous surveillance ? Elle aurait dû intervenir ?

Difficile à dire sans connaître le fond du dossier. Mais maintenant elle est en situation d’intervenir. Parce qu’il y a un doute grandissant sur la légitimité des écoutes de N. Sarkozy, sur leur base légale : on dit que la forme a été respectée ; la belle affaire ! Il faut un motif sérieux, grave pour ordonner des écoutes, a fortiori sur un homme politique. Et il faut des indices nouveaux pour prolonger les écoutes. Or on ne sait pas si ces éléments ont existé au-delà d’un soupçon nébuleux de financement libyen qui, en 2 ans, n’a pas avancé d’un mm. Cela jette une ombre sur toute cette procédure. C’est à C. Taubira de la dissiper. Soit pour défendre les juges, soit pour protéger la justice – ça ne va pas forcément de pair…

C. Taubira, comme JM Ayrault, répondent à l'opposition qu'il existe des voies de recours quand un justiciable conteste les actes d'un juge. Est-ce que ce ne serait pas la solution la plus raisonnable ?

C’est aussi l’argument de F. Hollande dans sa réponse aux avocats. On devine qu’il a été concocté à l’Elysée mais c’est un argument cynique ou désinvolte : il repose sur une erreur de droit. N. Sarkozy ne pourrait contester ces écoutes que s’il était mis en examen. C’est ce qui lui a été répondu sur la saisie de ses agendas dans l’affaire Bettencourt. Il demandait l’annulation, on ne la lui a pas refusée. On lui a dit qu’il ne peut plus la demander parce qu’il a eu un non-lieu – c’est assez kafkaïen. S’agissant des écoutes, seul le parquet pourrait soulever la question de leur validité. Comme C. Taubira a autorité sur le parquet, elle devrait l’exiger – au nom de la crédibilité de la justice, de l’impartialité du gouvernement et pour la clarté de l’affaire.

Un mot tout de même sur Manuel Valls : selon le Canard enchaîné, lui aussi était au courant des écoutes sur N. Sarkozy. C'est tout aussi choquant ?

Pas surprenant, en tout cas. Les policiers chargés des écoutes font des rapports aux juges, mais aussi à leur hiérarchie et dans les dossiers sensibles, ça remonte jusqu’au ministre (N. Sarkozy en sait quelque chose…). On peut aussi imaginer que les policiers qui espionnaient N. Sarkozy n’ont pas bouché leurs oreilles quand il parlait de politique. Disons que M. Valls n’a pas menti sur ce point puisqu’il n’a rien dit. Mais c’est au moins un sujet sur lequel il va être obligé de s’entendre avec C. Taubira – il n’y en a pas tant que ça. Et puis ça veut dire qu’il ne faut pas voir partout des cabinets noirs ; mais qu’au pouvoir, à gauche comme à droite, il n’y a pas d’oies blanches.

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Hervé Gattegno