Déclarations de Fillon : coup de tonnerre à l'UMP

Coup de tonnerre à l'UMP à l'approche des municipales, François Fillon déclare hier : « En cas de duel FN/PS, j'appelle à voter pour le moins sectaire ». Une phrase qui sème le trouble à droite ?

Dimanche soir, j'ai vu des proches de Jean-François Copé. Réaction du patron de l'UMP abasourdi: « Il va falloir qu'il m'explique ce que ça veut dire de voter pour le moins sectaire ! Si c'est le candidat FN qui est estimé le moins sectaire, il faut voter pour lui ? J'attends de voir Fillon appeler à soutenir un tel candidat Front National ». Voilà ce qu'a dit Jean François Copé un brin amusé d'imaginer un Fillon dans une telle situation. Mais au-delà de la petite phrase, les copéistes ne comprennent pas François Fillon. Après le premier tour des cantonales en mars 2011, alors qu'il était Premier ministre, il avait défendu l'instauration d'un front républicain : en cas de duel PS-FN, il faut voter contre le FN disait-il. A l'époque il s'était démarqué de Nicolas Sarkozy et de Jean François Copé. Le patron de l'UMP a toujours prôné le ni-ni : ni PS, ni FN.

Comment expliquer le revirement de François Fillon ?

Même des fillonistes s’interrogent ! J'ai eu un député au téléphone qui m'a dit : « Quand est ce qu'on instaure une échelle de Richter du sectarisme ? Qu'est-ce que ça veut dire ? » Un autre filloniste a fait ce constat : « Finalement Fillon est de plus en plus à droite. Il ne veut pas se balladuriser ». D'autant que ça y est : Bayrou revient au centre droit. Il saisit la main tendue par Borloo. Donc plus de place au centre. François Fillon voit la montée du Front National pour les municipales. D'où le message d'un vote FN au cas par cas. Dans la bouche de Fillon c'est une révolution ! Le PS est monté au créneau pour dénoncer un pur cynisme électoral.

L'UMP va avoir du mal à définir une stratégie face au FN pour les municipales ?

En coulisses, l'état-major de Jean François Copé est très confiant. L'UMP est crédité de 34% à Marseille pour le premier tour des municipales selon un sondage, le FN de 25% et le PS de 21%. « Il faut voir que le FN est à 25 parce qu'il prend des voix à la gauche. Le PS est le 3e parti de France », selon un proche du patron de l'UMP. Dimanche, il y avait une élection partielle dans l'Aisne à Aubenton. Victoire du candidat UMP. La liste d'une union de la gauche est arrivée derrière le Front National. C'est la 9e élection partielle perdue par les socialistes depuis l'élection de François Hollande. Donc à l'UMP on a le sourire d'autant que le succès du Sarkothon a ramené de nouveaux adhérents.

Combien ?

45 000 -en tout 205 000 adhérents-. Mais ceux qui ont donné plus de 35 euros sont devenus automatiquement membres du parti. 11 millions d'euros réunis en huit semaines. Au moins 100 000 mécènes ont participé, pour un don moyen de 85 euros. C'est un succès. En coulisses, Jean-François Copé aimerait bien que l'on retienne ses talents d'organisateur. Mais voilà que Nicolas Sarkozy ramène tout à lui. Sur son compte Twitter il écrit: « Je suis reconnaissant de cette mobilisation qui m'a autant surpris qu'ému ». Il en fait un plébiscite en sa faveur. Beau renversement de situation pour honorer une dette !

Véronique Jacquier