Comptes de campagne: le domicile de l'insoumis Manuel Bompard perquisitionné

Manuel Bompard, chef des campagnes de La France insoumise, sur BFMTV samedi matin. - BFMTV
Des représentants des forces de l'ordre ont perquisitionné ce jeudi le domicile privé toulousain de Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon. Sur Twitter, le numéro 2 de la liste France insoumise aux élections européennes dénonce "la dérive autoritaire du pouvoir". La perquisition a été réalisée dans le cadre de l'enquête sur les comptes de campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
"Depuis 7 heures ce matin, 5 heures de perquisition à mon domicile personnel pour 15 fichiers informatiques sans aucune signification. Après Mediapart cette semaine, c'est donc un candidat aux élections européennes qui est perquisitionné", a-t-il écrit. Jean-Luc Mélenchon lui a emboîté le pas, affirmant que "l'instrumentalisation de la justice devient le régime ordinaire".
"Violations du secret de l'enquête"
Contacté par BFMTV, Manuel Bompard raconte que cinq policiers ont saisi, en plus des fichiers informatiques cités plus haut, l'affiche de campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon ainsi que sa profession de foi.
Le directeur des campagnes de LFI dit également avoir refusé de signer le procès-verbal de la perquisition. Laquelle a été réalisée sur commission rogatoire des juges d'instruction, saisis des informations judiciaires ouvertes le 9 novembre 2018, rapporte une source judiciaire.
Il souhaitait y signifier "les multiples violations du secret de l'enquête" depuis ses débuts, ce que les policiers auraient refusé. Manuel Bompard dénonce le fait d'avoir été empêché, durant 5 heures, de mener sa campagne pour les européennes et d'honorer les rendez-vous (notamment avec les médias) inscrits à son agenda.
Jean-Luc Mélenchon a tenu conférence de presse dans l'après-midi, au siège de La France insoumise à Paris. Il a pointé du doigt l'un des policiers présents à la perquisition, critiquant ses méthodes et indiquant qu'il avait participé, déjà, à celle du QG de LFI à l'automne dernier. "Nous sommes consternés, sidérés", a déclaré le député des Bouches-du-Rhône, selon qui cette perquisition est destinée à "intimider", à "faire peur".
"Violence judiciaire"
Il en a également profité pour tacler, à nouveau, le patron de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), François Logerot. Jean-Luc Mélenchon juge "stupéfiant" que la perquisition ait lieu au lendemain de son entretien avec Emmanuel Macron à l'Élysée au sujet des élections européennes.
"J'ai parfaitement compris la manœuvre, (...) à la violence de la répression s'ajoute une forme de violence judiciaire, qui a été ordonnée par Mme Belloubet", a-t-il déclaré.
"Qu'est-ce qui justifie que nous soyons traités de cette manière? (...) Nous avons l'impression d'être dans un dérapage général. (...) Cette ambiance de peur n'est pas celle que l'on remarque généralement dans les démocraties", estime Jean-Luc Mélenchon. Il y voit la marque d'une "corruption" de la justice, et déplore le climat dans lequel démarre la campagne des élections européennes.