Compétitivité: Gallois satisfait, Copé et Fillon déçus

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20 milliards d'euros de crédit d'impôt aux entreprises, 10 milliards d'économies supplémentaires sur les dépenses publiques, une hausse de la TVA... Les mesures annoncées mardi par Jean-Marc Ayrault à l'issue du séminaire gouvernemental satisfont leur inspirateur, Louis Gallois.
Pour le commissaire à l'Investissement et auteur du rapport, « le gouvernement a pris la mesure du problème » de compétitivité en France.
Louis Gallois souligne que la principale mesure de 20 milliards d'euros de crédit d'impôts était « au moins aussi favorable sinon plus » pour les entreprises que l'abaissement des cotisations patronales du même montant, qu'il préconisait dans son rapport remis lundi.
« Ce qui me paraissait essentiel était de dire que la compétitivité était une priorité nationale et je pense que cette idée est passée », juge l'ancien président d'EADS, qui parle d'un train de mesures « extrêmement ambitieux ».
Il note au passage que ce programme reprenait « d'assez nombreuses mesures » qu'il avait suggérées : « On pourrait les lister et je crois que la liste serait assez longue ».
Une hausse de TVA « raisonnable » pour Mailly
Du côté des syndicats, Jean-Claude Mailly se dit « satisfait de voir qu'on ne rentre pas dans ce qu'avait préconisé M. Gallois sur l'aspect coût du travail, [c'est-à-dire] une baisse massive des cotisations et un relèvement fort de la TVA ou de la CSG ».
Le secrétaire général de Force Ouvrière voit dans ce plan gouvernemental « un ballon d'oxygène de la part de l'Etat aux entreprises [et] il n'y pas d'impact pour la Sécurité sociale ».
« La seule question que je pose aujourd'hui, tempère-t-il, c'est les 10 milliards de réduction en 2014 des dépenses publiques. Cela va taper où ? (...) Parce que là on est déjà à l'os sur la fonction publique ».
Concernant les hausses de TVA en 2014, Jean-Claude Mailly n'y voit pas « des augmentations fortes. (...) Je ne dis que j'applaudis des deux mains, mais c'est quelque chose qui est du domaine raisonnable ».
Pour Fillon, le gouvernement « renonce au choc »
Une satisfaction que ne partagent pas les ténors de l'opposition. François Fillon, candidat à la présidence de l'UMP, estime au contraire que le gouvernement Ayrault « renonce au choc de compétitivité » en ne retenant pas à la lettre les conclusions du rapport Gallois : « En n'en reprenant qu'une partie et en renvoyant à 2014 la partie essentielle, c'est-à-dire la baisse des charges sociales à travers un système très complexe de crédit d'impôts, il renonce au choc de compétitivité (...). Il n'y aura pas de redressement de l'économie française en 2013 » affirme François Fillon.
A ses yeux, les 20 milliards en crédits d'impôts annoncés mardi par le gouvernement pour relancer la compétitivité des entreprises sont une « mesure compliquée » qui n'aura « aucun effet avant 2014 ».
L'ancien Premier ministre regrette aussi que le gouvernement ait selon lui « cédé » aux écologistes en renonçant à la recherche sur les techniques d'exploitation du gaz de schiste.
« Quelle déception! », réagit Copé
Candidat lui aussi à la présidence de l'UMP, Jean-François Copé a clamé mardi sa déception après les annonces de Jean-Marc Ayrault : « Je souscrivais totalement aux mesures du rapport Gallois qui proposait un dispositif à la fois simple et puissant sur le plan économique. Je découvre avec la proposition Ayrault un projet extrêmement technocratique, très complexe pour les entreprises et pas à la hauteur des attentes ».
Et, a-t-il ajouté, « il vaut mieux sourire en constatant que François Hollande a fait campagne auprès des Français en disant qu'il n'augmenterait absolument pas la TVA, eh bien il augmente la TVA mais ne baisse pas les charges patronales ! ».
Le Pen dénonce « un retour à la TVA sociale »
Au FN, Marine Le Pen dénonce un « retour à la TVA sociale » proposée par Nicolas Sarkozy puis abrogée par la nouvelle majorité. Pour la présidente du Front national, cela consisterait « à faire payer par les consommateurs une forme de mini-dévaluation que l'on ne peut pas faire puisque nous sommes contraints par un euro trop cher ».
Le crédit d'impôt pour les sociétés qui sera en partie financé par cette hausse de la TVA « ne réglera pas les problèmes de nos entreprises, ne serait-ce que parce que ces mini-exemptions de charges ne les rendront pas compétitives par rapport à des sociétés basées en Chine ou au Bangladesh », selon Marine Le Pen.
Rappelant les propositions du FN, mise en place de barrières douanières aux frontières nationales et de quotas d'importation, la présidente du Front national propose un référendum sur la question des protections aux frontières.